Docteur en histoire, maître de conférences à l’EPHE, membre du CETOBaC, Ozgür Türesay est spécialiste des grandes figures intellectuelles de l’Empire ottoman au XIXe siècle. Son profil semblait donc tout indiqué pour nous proposer cet ouvrage. Ce choix marque ostensiblement la dimension très large du sujet d’Agrégation (et du CAPES bien évidemment), à savoir une interprétation profondément évasive de la notion de réforme qui traverse le Moyen-Orient dans cette fin de siècle.
Ce choix d’auteur pourrait aussi faire craindre, et c’est un écueil de nombreux ouvrages sur le sujet, le centrage sur l’Empire ottoman. Il faut simplement constater, d’une part, qu’il manque des références dans l’historiographie française sur les autres espaces du Moyen-Orient sur cette première moitié du XIXe siècle. D’autre part, que le thème du sujet invite lui-même à insister sur l’Empire ottoman. On attend néanmoins de l’auteur ses apports tirés des historiographies anglophones et turcophones.Au final, que retenir de ce manuel? L’ensemble des apports sur l’Empire ottoman est précieux. De nombreux détails et bilans sur chacune des régions de ce vaste Empire sont autant d’éclairages indispensables. Les biographies sur les personnages principaux sont, comme quasiment pour chaque manuel Atlande, efficaces et pertinentes. Les développements de l’auteur sur les aspects intellectuels, constitutionnels et législatifs du programme sont de très bons indices de la largesse du sujet.
Sur les bémols, un premier vient immédiatement sur la faiblesse, numérique et non pas qualitative, des pages sur l’empire Qadjar et sur la péninsule arabique, manques déjà présents sur de nombreux autres manuels. Néanmoins, tout le passage sur la comparaison entre Empire ottoman, Egypte et Iran est précieux et permet une réelle mise en perspective. L’autre bémol vient de la bibliographie, certes conséquente, mais inaccessible aux non-anglophones, écueil déjà présent lui-aussi chez d’autres éditeurs. Si ces deux bémols sont explicables par la faiblesse de la bibliographie en langue française sur ces espaces, il aurait été apprécié une meilleure analyse des apports historiographies récents venant de l’étranger.
Au final, ceux qui apprécient les manuels Atlande, comme les autres, verront dans ce premier livre-complément un outil indispensable à l’appréciation du sujet de l’Agrégation, une base pertinente pour démarrer le sujet. Il aurait été apprécié que les manques présents sur d’autres manuels puissent être corrigés, plusieurs mois après les remontées de nombreuses personnes préparant ces concours sur les difficultés rencontrées.