Les 3 et 4 octobre 2013 se sont tenues à Caen les quatrièmes journées d’étude du programme Corps, gestes et vêtements dans les mondes anciens : une lecture historique et anthropologique animé par plusieurs professeurs et maîtres de conférences.

Le programme qui avait été déterminé avait pour objectif d’étudier les valeurs et les symboliques des gestes et attitudes attachés au corps et aux mouvements du corps, les qualifications contextuelles et spatiales de gestes corporels et du corps en mouvement, les gestes et identités, les normes mais également les transgressions.

Dans cet ouvrage, il s’agit plus précisément d’étudier tout cela par le biais politique ; à partir notamment de textes littéraires et des images : comment s’articule le corps, les gestes, les vêtements à une période donnée ?

L’espace traité dans cet ouvrage est celui de la Grèce, l’Assyrie et Rome à l’époque antique. Dans ces sociétés, existe-t-il des attitudes corporelles, des manières de s’habiller, des postures qui signalent un droit ou une prérogative politique, une appartenance politique ? L’objectif des auteurs est de répondre à ces questions.

 

Dans un premier temps, Florence Gherchanoc et Valérie Huet traitent de l’ « Incarnation corporelle et vestimentaire du pouvoir et mise en scène politique : quelques pistes de réflexion entre passé et présent « . L’auteur explique la démarche de l’équipe de recherche. Elle constatait qu’il y avait beaucoup d’ouvrages qui traitaient du corps ou des gestes négligeaient l’importance des vêtements et des ornements. Pourtant, ce sont des éléments essentiels qui permettent d’interpréter les attitudes et les gestes. A contrario, les livres traitant des vêtements ne se préoccupent pas des gestes associés aux corps qui les portent. Ainsi, l’auteur présente le travail de son équipe et justifie les sujets traités par ses collègues plus loin dans l’ouvrage.

 

Dans un second temps, Brigitte Lion revient sur les vêtements brodés du roi d’Assyrie. Le but de son sujet est de montrer les rapports des vêtements avec les corps et les gestes des personnages représentés sur les objets, dans l’idée de montrer le sens symbolique. A partir de différents contextes (politique, archéologique) Brigitte Lion traite du programme iconographique du roi assyrien destiné à sa gloire. Il s’agit donc de voir les représentations des personnes sur les décors du palais. Pour mieux le comprendre, nous avons à notre disposition un dessin correspondant aux bas-reliefs de certaines pièces. Rien n’est laissé au hasard. Certains chercheurs débattent sur les incisions faites aux peintures sur les murs : des pièces métalliques, des broderies… c’est-à-dire des techniques venues d’ailleurs ? Il semblerait que décorer des peintures murales avec des fibres textiles, des roses etc ait été monnaie courante, mais quelque chose d’assez original. L’auteur insiste sur les personnages masculins, omniprésents dans le palais en raison de l’espace politique qui laisse peu de place aux féminin ; sur les corps de génies ; et enfin sur le corps royal.

 

Ensuite, Anton Powell rédige un texte portant sur la manière de se vêtir, se tenir à Sparte. L’auteur part du constat selon lequel les Spartiates méprisaient les longs discours et préféraient s’appuyer sur ce qu’on pouvait voir. Après une brève explication sur l’art de la tromperie spartiate, Anton Powell axe sa réflexion sur l’habillement des hilotes. Etant inférieurs aux Spartiates, ils devaient se différencier dans leurs vêtements en cuir, mais aussi sur leur posture qui devait être courbée, leur coupe de cheveux courte par opposition aux cheveux longs des Spartiates. Il se concentre ensuite sur la taille, en particulier des femmes : il n’était pas recommandé d’épouser une femme plus petite que l’homme car celle-ci pourrait donner des enfants petits. Pour avoir des femmes grandes et fortes, elles avaient droit à une alimentation plus abondante que les autres femmes des cités voisines, elles pratiquaient aussi l’exercice physique ; ce qui choquait en particulier les Athéniens et Athéniennes.
Concernant les vêtements, ils étaient simples et plutôt pauvres. Le but était d’avoir des homoioi unis, avoir une cohésion sociale et politique ; cela passait par l’uniformité vestimentaire.

 

Dans un quatrième temps, Jean-Noël Allard porte sa réflexion sur « Comment échapper à sa nature ? Le poids des normes sur les apparences et les allures ». A Athènes tous les comportements des citoyens étaient régis par des règles strictes en public : comment marcher, comment se tenir debout, s’asseoir, se draper convenablement, mouvements et positions des bras et de la tête, la coiffure, la barbe… Il était de mise que les Anciens voyaient en le corps un moyen de connaître la nature d’un individu. Pour développer cette dernière idée, l’auteur relate un procès qui opposait Panténétos à Nicoboulos, et qui portait sur des accusations liées à l’allure de l’accusé. Pour terminer ce chapitre, l’auteur apporte sa réflexion sur la laideur comme atout ou préjudice.

 

Ensuite, Catherine Bustany-Leca revient sur la statue équestre de Sylla à Foro et s’interroge sur la rupture des codes de représentation de l’homme public à Rome. Le geste novateur est celui d’ériger une statue équestre et non pédestre, mais ce qui suscite les contestations est le port de son vêtement qui n’est pas attribué à son statut social.

 

Dans un sixième temps, Antony Hopstein traite des « Habits du prince en tournée : Caracalla à Pergame ». L’auteur se concentre sur l’importance de la numismatique dans la représentation de Caracalla, de ses vêtements. Les monnaies décrites et commentées sont placées à la fin du chapitre.

 

Enfin, pour clore l’ouvrage, Caroline Blonce des images de la tétrarchie. Il est question ici de quatre statues d’empereurs qu’on ne peut distinguer véritablement. On ne voit que les yeux différents et la taille de la barbe qui modifient leurs fonctions. Les accolades font porter le propos de l’auteur sur la manifestation physique de l’entendre entre les détenteurs du pouvoir. De plus, les traits marqués du visage ont toute une symbolique qu’il est intéressant à lire, car ce n’est pas frappant lorsque l’on voit les statues dans un premier temps.

 

En fin d’ouvrage, chaque chapitre fait l’objet d’un résumé. Une chose utile pour retrouver l’essentiel des propos tenus par les différents auteurs et qui évite de relire plusieurs pages.