Pénélope Bagieu nous livre, au travers de ces deux volumes, 30 portraits de femmes « qui ont fait l’Histoire », chacune étant présentée au travers de quelques pages de dessins colorés et drôles accompagnant un récit rythmé. De belles illustrations en doubles pages clôturent chaque portrait, résumant la vie de ces femmes venant des quatre coins du monde, qu’elles soient mortes depuis des siècles ou encore parmi nous.

Joséphine Baker, l’astronaute Mae Jeminson, Tove Jansson (la créatrice des moomins !), Clémentine Delait (femme à barbe), Nzinga, reine du Ndongo et du Matamba au début du XVIIème siècle, Christine Jorgensen, célèbre transexuelle, Las Mariposas, soeurs révolutionnaires et martyres en République Dominicaine, Agnodice, gynécologue plus de trois siècles avant Jésus-Christ, Lozen, guerrière indienne et chamane au XIXème siècle, Naziq Al-Abid, activiste syrienne du premier XXe siècle, Wu Zetian, impératrice chinoise au VIIème siècle, Sonita Alizadeh, rappeuse afghane, Nellie Bly, journaliste d’investigation et Delia Akeley, exploratrice, femmes du XIXe siècle, Cheryl Bridges, athlète marathonienne, Phulan, reine des bandits et figure des opprimés en Inde, Leymah Gbowee, travailleuse sociale et prix nobel libérienne… : des vies réelles qui s’apparentent à des épopées de contes, ou à des combats quotidiens, des caractères fougueux…, des femmes qui méritent d’être connues et reconnues, intégrées à la trame du récit historique.

Quel usage en classe

On pourra aussi certainement utiliser ces beaux portraits en EMC ou dans tous les travaux interdisciplinaires, d’autant qu’ils sont toujours disponibles sur le blog de l’auteur (site du Monde). Il serait aisé de partir de ces quelques planche de BD pour, par exemple, faire réaliser aux élèves exposés ou posters en relevant la place occupées par ces femmes dans la société, le contexte dans lequel elles se sont exprimées, les résistances qu’elles ont rencontré, les avancées permises par leurs engagements. Un travail par thématiques (telles la difficile insertion des femmes dans les domaines de la science ou de l’art, les femmes dirigeantes, l’activisme/la résistance politique…) pourrait aussi être imaginé, quelques portraits de Pénélope Bagieu intervenant dans le cadre de dossiers documentaires plus larges…

 

Notons pour finir que ce bel ouvrage s’inscrit dans un contexte d’édition très favorable aux bandes dessinées « féministes ». On trouvera donc aussi matière à réflexion dans les ouvrages publiés par Catel, Olympe de Gouges (Casterman 2016), Ainsi soit Benoîte Groult (Grasset 2013), Kiki de Montparnasse (Casterman 2007), ceux de Chantal Montellier, Marie Curie (Dupuis 2011), L’Insoumise (Christine Brisset qui entreprit de reloger les milliers de personnes qui étaient sans toit au lendemain de la Seconde Guerre) (Acte Sud 2013), la série « Femmes en résistance » (Casterman 2013 à 2016) : t. 1 Amy Johnson (l’une des principales figures de l’aviation des années 1930), t. 2 Sophie Scholl, t. 3 Bertie Albrecht, t. 4 Mila Racine. Citons aussi l’excellent « Féminisme », d’Anne-Charlotte Hysson et Thomas Matthieu (le féminisme expliqué en BD, dans laquelle sont proposés notamment de petits portraits d’Olympe de Gouges, Simone de Beauvoir ou Angela Davis par exemple) (Le Lombard 2016), la série « Communardes » (avec L’Aristocrate fantôme, sur Élisabeth Dmitrieff) par Lupano et Jean (Vent d’ouest 2015) ou Dures à cuire : 50 femmes hors du commun, de Till Lukat (Cambourakis 2016) qui propose de rapides biographies agrémentées de quatre vignettes, allant de Tina Turner à Cleopâtre, de Bridget Playfer, la première des soixante-douze victimes des procès des sorcières de Salem à Margaret Hamilton, pionnière des sciences informatiques à la NASA , en passant par Frida Kahlo, Tomoe Gozen, la première femme samouraïe, Rosa Parks, Mala Youfzai ou Ann Boney !

 

Gaëlle Ruffel, pour Les Clionautes©