Du récit de voyage à la bande dessinée

Avant l’obtention du prix Renaudot pour La Panthère des neiges, l’écrivain-voyageur Sylvain Tesson a relaté son séjour de 6 mois sur les rives du lac Baïkal en Russie dans un livre paru en 2011 chez Gallimard, « Dans les forêts de Sibérie ». La version écrite s’est poursuivie par une adaptation cinématographique du même nom en 2016.

Désormais, Casterman propose une version dessinée de cette expérience grâce aux crayons de Virgile Dureuil, signant ici sa première bande dessinée.

Je me suis installé pendant six mois dans une cabane sibérienne sur les rives du lac Baïkal, à la pointe du cap des Cèdres du Nord. Un village à cent vingt kilomètres, pas de voisins, pas de route d’accès, parfois, une visite. L’hiver, des temperatures de -30°C, l’été, des ours sur les berges. Bref, le paradis.

Sylvain Tesson et Virgile Dureuil, Dans les forêts de Sibérie, préface, ligne 4 à 9.

Ancien étudiant en géographie, Sylvain Tesson s’installe dans une cabane isolée sur les rives du lac Baïkal de février à juillet 2010. Grand voyageur, il en profite pour adopter un rythme de vie plus lent, moins mobile, lui dont les aventures au long cours l’amenait à traverser des portions entières du continent asiatique dans « la Chevauchée des steppes (à cheval avec l’exploratrice Priscilla Telmon en Asie Centrale) ou à relier le Lac Baïkal à Calcutta dans « l’axe du loup » (2004). La bande dessinée débute par l’achat de provisions dans la grande ville la plus proche, Irkoutsk. A l’aide d’un vieux camion bleu, un Russe le dépose dans un ancien abri de géologue construit dans les années 1980 au Nord de la réserve de Baïkal-Léna. Cette cabane en bois est située au pied d’un versant à 450 mètres d’altitude. L’isolement est particulièrement fort : son plus proche voisin au Nord est à 5 heures de marche tandis que le voisin du Sud est à une journée ! 

Emmenant de nombreux livres, Sylvain Tesson en profite pour prendre du recul par rapport à sa vie parisienne. De la vodka à la lecture de Jünger, en passant par la pêche d’ombles et de longues randonnées en forêt ponctuées d’un bivouac sur un replat rocheux, on suit cette vie d’ermite grâce aux crayons de Virgile Dureuil. Les couleurs sont claires et agréables à l’œil. Les traits sont fins et le scénario respecte quasi-scrupuleusement le récit d’origine. Une véritable réussite.

Au scénario simple et à la narration agréable, les enseignants pourront y piocher des vignettes afin d’aborder des thématiques en histoire-géographie ou en français : la déforestation, l’influence chinoise, la glace, l’adaptation dans des espaces à fortes contraintes, l’enclavement ou les saisons.

Une excellente adaptation en bande dessinée, fidèle et originale au récit de voyage qui constitue une ressource de choix pour un CDI en collège ou en lycée.

Pour aller plus loin :

  • Présentation de l’éditeur -> Lien

Antoine BARONNET @ Clionautes