Nous remontâmes tous les quatre dans les Jeep et pendant deux jours traversâmes à nouveau les glacis par lesquels nous étions venus, « sur les talus alluviaux de l’holocène » aurait dit mon professeur de géomorphologie de l’Université de Nanterre-Paris X. L’air froid craquait. Le voile soulevé par nos véhicules était une poussière de moraine, moulue par des glaciers et sédimentée depuis des millions d’années. Dans la géographie, personne ne fait le ménage.

Sylvain Tesson, La panthère des neiges, Gallimard, 2019, p. 81.

A la découverte d’un animal mythique

Ancien étudiant en géographie, l’écrivain-voyageur Sylvain Tesson nous emmène sur les traces de la panthère des neiges sur le plateau tibétain. C’est l’un de ses amis, le photographe et naturaliste Vincent Munier, qui propose à Sylvain Tesson d’aller observer l’animal lors d’une expédition en 2018. Ils seront 4 pour ce voyage marqué par l’attente dans les montagnes chinoises : Vincent Munier et sa femme Marie, l’assistant de Vincent et ancien doctorant en philosophie, Léo, et Sylvain Tesson.

Arrivant à Chengdu dans la province du Sichuan, la troupe s’aventure au Nord-Ouest de l’agglomération de Yushu jusqu’aux monts Kunlun. Dans cette région montagneuse, entre Golmud dans la province du Qinghai et Lhassa au Tibet, vivent les dernières panthères des neiges. Dans ce paysage minéral, parcouru par les yaks, les ânes sauvages, les gypaètes et les loups, l’expédition est marquée par de très longues périodes d’attente : les affûts. De rares rencontres avec les locaux émaillent le récit d’anecdotes. Pendant 3 semaines, Vincent Munier, Léo, Marie et Sylvain Tesson vivent dans la dépendance d’une famille d’éleveurs, sur le plateau de Changtang.

Depuis longtemps engagé de grandes expéditions en Eurasie, que ce soit à moto ou à pied, Sylvain Tesson relate l’apprentissage de la patience lors des affûts entre -25 et -35°C. Les 4 membres de l’expédition observeront une panthère des neiges à 4 reprises. Sur le chemin du retour, Sylvain Tesson décrit les sources du Mékong à 5200 mètres d’altitude.

A travers ce récit vivant, au rythme rapide malgré une mobilité limitée des protagonistes, se dessinent une géographie célébrant les hauts plateaux tibétains et l’exceptionnelle adaption de la faune aux dures conditions climatiques. Les enseignants trouveront dans ce récit de voyage un chapitre abordant les espaces de faibles densités humaines et de fortes contraintes (froid, pente). Le chapitre sur le retour à Chengdu pourra également faire l’objet d’une adaptation didactique afin de traiter des questions de la nuit, de l’urbanité et de la nature dans les grandes agglomérations.

Pour aller plus loin :

Antoine BARONNET @ Clionautes