Das Feuer n’est pas une sortie récente mais présentement une pépite dénichée dans un bac de soldeur.
Comme son nom l’indique, il s’agit d’une adaptation du roman d’Henri Barbusse, Le Feu, mais du point de vue allemand.
Une escouade de pauvres diables, de tout âge et de tout horizon, se retrouve prise, de nuit, sous le feu continu de l’armée française alors qu’elle creuse des boyaux. S’en suit une longue traversée (en treize volets) hallucinée à travers un enfer nocturne, une longue errance mortifère en direction, ou plutôt à la recherche, d’une tranchée synonyme de salut ou de reprise de l’absurdité des combats le lendemain, pour les rares survivants.
D’une très grande beauté graphique, certaines planches de la bande dessinée rappellent les eaux-fortes d’Otto Dix, Das Feuer est un ouvrage qui nous replonge dans les tréfonds de la Grande Guerre. La trame textuelle, très sobre, accompagne parfaitement chaque dessin et sonne totalement juste.
Le roman graphique se conclue par les mots suivants : « la bêtise et l’oubli sont des péchés et des crimes. Le silence n’aura d’autre conséquence que la répétition des événements ».
Das Feuer, au même titre éventuellement que les Putain de Guerre ou C’était la guerre des tranchées de Jacques Tardi, pourra venir illustrer une séquence consacrée à la Première Guerre mondiale.
Grégoire Masson
Planche de la page 57 de Das Feuer