A l’occasion des 400 ans de la naissance de Molière, les éditions petit à petit nous offrent ce très beau docu-BD retraçant une vie passionnée et tumultueuse de l’artiste qui a traversé les siècles. Les auteurs ont ciblé dix moments-clés de sa vie afin de nous faire comprendre la personnalité, le parcours, les œuvres et l’héritage de Jean-Baptiste Poquelin.
Chaque chapitre débute par une courte introduction puis quelques pages de bd nous permettent d’entrer dans les différents thèmes de manière « légère » et enfin une double-page documentaire vient préciser les éléments abordés.
Un enfant du siècle : Les jeunes années de Molière, dans le Paris du XVIIe s., sont présentées. Fils d’un tapissier valet de chambre du roi, il perd très tôt sa mère. Il étudie au collège de Clermont, un établissement jésuite parisien.
Des débuts difficiles : Après avoir renoncé au droit ainsi qu’à la charge de tapissier valet de chambre du roi au profit de son jeune frère, Molière se consacre à sa passion : le théâtre. En 1643, avec notamment Madeleine Béjart, ils fondent l’Illustre Théâtre. Au bout de deux ans, Molière est emprisonné à la prison du Châtelet à cause des dettes contractées. Son père, est là pour le sortir de cette mauvaise passe.
Entracte provincial : Dans les années 1650, après l’échec de l’Illustre Théâtre, Molière et Madeleine sillonnent la France dans une troupe de campagne dont il devient rapidement le chef. Protégée par le duc d’Epernon, le prince de Conti ou le comte d’Aubijoux, la troupe connaît de beaux succès lors de représentations privées. A Lyon, en 1655, est représentée la première comédie en cinq actes et en vers de Molière intitulée L’Etourdi ou les contretemps.
A la conquête de Paris : Molière est de retour à Paris en 1659. Sous le patronage de « Monsieur », Philippe d’Orléans, le frère du roi, lui et sa troupe disposent de leur propre théâtre au Petit-Bourbon. La concurrence avec l’Hôtel de Bourgogne les poussent à l’inventivité ; le public est au rendez-vous ! Cette même année, Les Précieuses Ridicules sont un vrai succès, il s’y moque de la préciosité de l’aristocratie.
L’arrivée au Palais-Royal : En 1660, le jeune frère de Molière décède. Ce dernier récupère la survivance de la charge de tapissier valet de chambre du roi : un trimestre par an, il assure cette charge et assiste au lever de Louis XIV. Sa troupe s’installe au Palais-Royal et les succès s’enchaînent avec notamment l’apparition du personnage de Sganarelle dans Le Cocu imaginaire, un bourgeois obtu, persuadé de l’infériorité des femmes, colérique, aveuglé par ses propres jugements.
L’Ecole des femmes : Molière se marie avec Armande Béjart en 1662 et, la même année, il termine l’écriture de L’Ecole des femmes. La pièce est critiquée par les dévots et les conservateurs qui la taxent de mauvais goût et d’immoralité. Présentée à la Cour, la pièce aurait déclenchée l’hilarité de Louis XIV. S’il n’est pas un féministe, Molière s’intéresse à ce que vivent les femmes de son temps, aux problèmes liés à l’éducation et à leur émancipation.
Tartuffe, le scandale et l’attente : En 1664, Tartuffe ou l’imposteur, en se moquant des hypocrites qui gravitent autour des figures du pouvoir, fait scandale. La pièce est frappée d’interdiction royale, Molière est obligé de la réécrire. Il faut attendre 1669 afin que la pièce soit jouée en public au Palais-Royal … un triomphe. Entre temps, Molière écrit Dom Juan ou Le Misanthrope.
Au faîte de la gloire : Entre 1664 et 1671, Louis XIV fait appel à Molière et à Lully afin d’organiser de grands spectacles à Chambord ou à Versailles. Ils développent le genre de la comédie-ballet. En 1670 et 1671, c’est aussi la naissance de deux autres pièces : Le Bourgeois gentilhomme et Les Fourberies de Scapin.
On ne meurt qu’une fois … : En 1673, après la quatrième représentation du Malade imaginaire, Molière meurt chez lui des suites d’une hémorragie pulmonaire. N’ayant pas eu le temps de renoncer à sa vie de comédien (métier taxé d’infamie) et n’ayant pas reçu les derniers sacrements, il sera tout de même à être inhumé de nuit et sans aucune pompe.
400 ans plus tard … : Dans ce dernier chapitre, la rareté des sources et des traces permettant à l’historien d’enquêter sérieusement sur la vie de l’artiste est évoqué. Dès le début du XVIIIe s., une biographe de Jean-Léonor Le Gallois de Grimarest, très élogieuse, donne naissance au mythe moliéresque (même si aujourd’hui de nombreux travaux la contredisent). Quatre siècles plus tard, l’héritage de Molière reste bien présent. Quelques années après sa mort, la fondation de la Comédie-Française peut être considérée comme un des éléments de cet héritage moliéresque.
Un docu-fiction riche, enrichissant, pédagogique et rigoureux d’un point de vue scientifique. Une nouvelle fois, les éditions petit à petit nous offrent un ouvrage de grande qualité qui a toute sa place dans les CDI de nos établissements scolaires.
Pour les Clionautes, Armand BRUTHIAUX
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