Petit opuscule, publication d’une conférence-débat à l’INRA en octobre2007.
Patrick Blandin qui est professeur au muséum d’histoire naturelle et entomologiste. est spécialiste de la réflexion Hommes-Nature-Sociétés. Il nous propose une réflexion aux confins de l’écologie et de la philosophie. En 2002 au sommet de Johannesbourg en 2002 les États se sont engagés à réduire d’ici 2010 la perte de la biodiversité, c’est le contexte de cette réflexion sur un siècle d’histoire de la pensée écologique.

De la Nature à la biodiversité…de la protection à la gestion

Ce premier temps de la conférence est consacré à une petite histoire des idées, des auteurs et des organismes qui au cours du XXème siècle se sont penchés sur la relation des hommes à la nature depuis les prémisses aux USA et le premier Congrès de protection de la nature au Muséum de Paris en 1923. Dès cette époque, les raisons invoquées sont tout à la fois esthétiques (préserver la beauté du monde) et utilitaires (Gifford Pinchot peut être considéré comme l’inventeur de la notion de développement durable). Des 1923, il y a l’idée d’un équilibre à rechercher entre nécessité économique et protection de la nature. Depuis cette date, les concepts et les politiques mises en œuvre balancent entre ces deux buts. 1968 est sans doute une date à retenir avec l’organisation par l’ONU de la conférence « Man and Biosphère » qui redit la place de l’homme et développe le concept de développement durable. L’idée de nature s’efface devant le terme de « ressources vivantes », la protection cède la place à la conservation. Enfin, en 1982, le terme de biodiversité est mis en avant, renforçant l’aspect « ressource » et l’approche gestionnaire.
On observe donc au cours du siècle un glissement constant des idées et des termes employés: de l’équilibre de la nature au co-changement vivant/non-vivant. On est désormais loin de la « wilderness » de David Thoreau, on est passé d’une vision statique de la nature au principe d’évolution et en particulier avec l’écologie du paysage.

Vers une éthique évolutionniste

Le changement de paradigme conduit l’auteur a posé la question de l’éthique : Quelles valeurs accordées aux éco-systèmes ?
C’est l’occasion de faire un tour de divers courants de pensée et travaux publiés depuis les années 70,autour de respect de la nature, responsabilité des hommes envers les générations futures : du biocentrisme (tout organisme vivant est une fin en soi) à l’interdépendance des communautés vivantes, l’homme élément des systèmes ou perturbateur de l’ordre de la nature. Le paradigme qui semble aujourd’hui dominant est celui du co-changement, il met l’accent sur les dynamiques, la valeur liée à la capacité de changement. Un éco-système est une étape dans l’évolution, le concept de trajectoire temporelle remplace celui d’équilibre permanent ?

Une nouvelle pratique pour la science ?

Patrick Blandin montre les limites de la démarche prédictive, habituelle en sciences expérimentales, pour l’écologie. Il propose trois objectifs à retenir pour la recherche:
– Décrire des systèmes écologiques y compris les éléments humains.
– Reconstituer les évolutions passées et mettre en évidence les processus à l’œuvre.
– tenter de modéliser.

Il plaide pour une recherche impliquée dans les actions de conservation, un chercheur hors de son laboratoire, participant aux débats et donc appelé à mesurer l’efficacité de son implication.

Les réponses aux questions lors de cette conférence et une riche bibliographe complètent ce petit livre assez théorique.

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