Voilà une BD qui s’empare de la question controversée des semences agricoles.

Le tableau initial de l’agriculture industrialisée est plutôt sombre. Il est suivi d’un rappel de l’histoire de la relation des hommes avec l’alimentation et d’abord ce qui est au début du cycle : la semence. L’évolution au cours des siècles depuis le Néolithique évoque la sélection des semences jusqu’à la création du catalogue des variétés homologuées dans la seconde moitié du XXe siècle. On lira avec intérêt le rôle du GNISEn 2021 le GNIS évolue… et devient SEMAE, l’interprofession de toutes les semences et de tous leurs usages : https://www.semae-pedagogie.org/inscription-varietes-catalogue-officiel/ (p. 13 -15).

L’auteur montre les effets de la mainmise des grandes multinationales sur les semences mais aussi qu’il existe des alternatives comme le réseau « Semences paysannes ».

Il décrit les pratiques de ces nouveaux semenciers qui développent des « semences-population » à partir d’un exemple dans les Ardennes : partir des blés anciens pour obtenir un lot de semences diversifiées adaptées à son sol et son climat. La commercialisation est difficile, longtemps interdite. Le combat de David contre Goliath pour une reconnaissance de ces pratiques fut long et rendu difficile par le poids des lobbies et les conflits d’intérêts parmi les fonctionnaires de Bruxelles. Malgré tout quelques avancées existent : en Europe, une réglementation des graines Bio en 2017, l’autorisation en France en 2020 de l’échange et de la vente de semences non inscrites au catalogue.

Aujourd’hui, la bataille porte sur les brevets sur le vivant et les manipulations génétiques (technique Crispr-cas9).

La FAO déplore que 75 % des variétés cultivées aient disparu depuis le début du XXe siècle (p. 40) et pourtant cette biodiversité cultivée est importante face aux défis du XXIe siècle, les semences paysannes en sont une des solutions. « Depuis le 1er janvier 2022, en Europe les semences anciennes sont en accès libre ».

Une BD didactique qui a toute sa place dans les CDI des établissements scolaires, en particulier agricoles. Dommage que les illustrations ne mettent pas mieux en valeur des idées défendues.