Patricia Latour, journaliste propose, dans ce petit livre classé en collection jeunesse, une réflexion sur l’esclavage depuis l’Antiquité, les abolitions et la situation aujourd’hui avec en regard quelques documents: textes, documents iconographiques, témoignages.

Une introduction militante a-t-elle sa place dans une collection étiquetée littérature jeunesse?
Dans son désir de présenter l’horreur de l’esclavage, le style journalistique, des raccourcis parfois racoleurs ou des approximations et un choix des termes employés manquant de rigueur nuisent au projet.

Le livre est construit en courts chapitres de 5 à 8 pages illustrés de documents iconographiques sans références.

Un premier chapitre rappelle l’esclavage antique illustré du témoignage d’Aristote.
Puis un détour par la découverte des Amériques mais aussi de l’océan Indien évoque les débuts de l’exploitation de ces nouvelles terres et est complété de l’extrait d’un roman mais écrit au XXème s. et d’une citation de Bartholomé de Las Casas qui est aussi utilisé dans le chapitre suivant sur « L’esclavage comme nécessité économique ».
Viennent ensuite le « trafic triangulaire » et la traite des Noirs et un extrait du livre d’un négrier anglais (1734), puis le voyage.
La vie à la plantation est décrite aux Antilles et complétée de quelques articles du Code noir et d’un texte présenté comme témoignage de la justice de St Pierre (Martinique) non daté. Trois pages sont ensuite consacrées aux esclaves évadés.

Enfin les chapitres suivants sont consacrés aux premières dénonciations françaises de l’esclavage avec un court extrait de Candide, puis l’interdiction anglaise de la traite et une évocation hors contexte de la culture de la betterave à sucre, l’action de l’Abbé Grégoire associée à Victor Hugo ne facilitent pas la construction de repères chronologiques. On passe ensuite de Victor Schoelcher à la départementalisation des Antilles en 1946.
Le texte du décret d’abolition de 1848 précède quelques textes d’auteurs noirs : le guyanais Léon – Gontran Damas et l’haïtien Jacques Roumain introduisent un chapitre sur la culture créole.

La conclusion est une question: l’esclavage a-t-il disparu ?

L’intention de proposer sous une forme ramassée une histoire de l’esclavage à destination du jeune public est bonne, mais cet ouvrage plutôt documenté est décevant faute d’avoir trouvé un ton et un style adapté. Le choix d’écrire en rouge des mots-clés dont la définition ou une information complémentaire est proposé en encart laisse à penser que le public visé est assez jeune mais la tournure de nombreuses phrases semble indiquer le contraire comme le choix de présenter les citations en petits caractères et en italique ce qui rebutera certains lecteurs.

Cet ouvrage pourrait cependant être utilisé en collège.