Hortense Lyon, journaliste et écrivain, est très familière du monde des arts. Outre des ouvrages variés parus au CNDP sur la fontaine Stravinsky, Arman ou le polyptyque du Jugement dernier par exemple, elle a écrit avec Gérard Garouste et sur Gérard Garouste et est l’auteur de catalogues d’expositions : la Fondation Cartier ou l’exposition du la Chapelle Saint Louis de la Salpêtrière.

Le sujet de cet ouvrage est, depuis l’an dernier, au programme de l’option histoire des arts au baccalauréat et était attendu dans la mesure où cette question n’est pas la plus facile à aborder avec des élèves. Des aspects très intéressants sont abordés – notamment l’école de New York-et peuvent être réutilisés avec profit : les textes en citation, la chronologie qui montre à la fois les évolutions, mais également les différentes intervenants économiques, techniques, politiques, les nombreuses illustrations… en couleurs (précision importante, ce n’est pas toujours le cas !)…. Les pages consacrées à l’art des années 1990, et notamment au marché de l’art ouvrent des perspectives intéressantes sur l’idée d’uniformisation de la culture ou l’art marchandise par exemple. L’essentiel de cet ouvrage de 32 pages porte sur l’internationalisation de l’art : aspect bien traité, mais aussi bien connu… En revanche, la partie concernant la mondialisation, plus difficile à traiter, n’est abordée que sur cinq pages (pages 26 à 31), et aucun ouvrage précis sur la mondialisation n’est indiqué en bibliographie.

D’autres limites, justifiées ou pas par l’auteur, sont préjudiciables : il n’y a pas d’introduction où auraient pu être expliqués de manière précise les termes du sujet ; la période 1950-1980 n’est pas abordée ; le rôle de l’État dans les politiques culturelles n’est pas assez mis en valeur ; l’étude est essentiellement occidentale.
Mais le point le plus problématique tient à un parti pris que l’auteur explique en quatrième de couverture : « la mondialisation touche tous les arts, mais son processus depuis le XIXe siècle revêt toute sa pertinence dans le domaine spécifique de la peinture. Le cinéma et la musique, en effet, sont dès l’origine liés à l’économie et à la technologie, justifiant leur appellation d’industries culturelles. La peinture en revanche, puis les arts plastiques, accueillant progressivement la photographie, les installations et la vidéo, permettent de suivre et de démêler les fils des liens que tissent, de plus en plus serrés, l’art, la technologie et l’économie.

De ce fait, le cinéma et la musique ne sont pas du tout abordés alors qu’ils relèvent également de l’internationalisation et de la mondialisation : comment balayer ainsi d’un revers de main les influences réciproques que Akira Kurasawa, Sergio Leone, Yasujiro Ozu et Jean-Pierre Melville ont pu avoir sur les cinémas occidentaux et asiatiques par exemple ? Comment gommer complètement la musique ? En quoi le fait d’être des industries culturelles justifierait qu’on les néglige ? les productions sur commande, quasiment industrielles, des peintres académiques au XIXe siècle les font-ils sortir de l’art ? et si l’on repousse la technologie, comment justifier la photographie ? la vidéo ?

Pour cette raison majeure, qui tient peut-être aussi au format de l’ouvrage (une trentaine de pages), toutes les attentes – nombreuses- ne sont pas comblées à la lecture de cet ouvrage qui constitue cependant une bonne introduction à un domaine spécifique du sujet : la peinture.

Evelyne Gayme