Ce dictionnaire permet de faire le point « à un moment où le monde de l’éducation et de la formation mute dans ses finalités, ses pratiques, ses méthodes mais également ses sources d’inspiration ». Le livre, structuré en deux parties, comprend donc à la fois les mots classiques mais aussi « leur relecture dans un monde numérique ». Il propose une sitographie et une bibliographie d’une vingtaine de pages.

Pourquoi le concept d’apprenance est-il en émergence ?

Dans cette première partie, Denis Cristol, directeur de l’ingénierie et des dispositifs de formation du CNFPT, fait le point sur la notion d’ « apprenance ». Il cherche à la préciser en trois chapitres d’une dizaine de pages. Ce néologisme permet d’exprimer quelque chose de nouveau mais, en même temps, son aspect peut paraître ésotérique car il est employé uniquement dans le monde de la formation. L’auteur cherche à montrer ensuite en quoi ce concept est révélateur d’un souffle «  de réformes sur les méthodes pédagogiques ». Il précise d’abord ses liens avec les sciences de l’éducation, sa genèse en quelque sorte. Ce concept insiste sur plusieurs points comme la place centrale de l’apprenant. « Le savoir est donc moins un objet même mobile qu’une façon d’être relié et de se relier à un ensemble de significations et à un espace d’activités ». Le deuxième chapitre s’intéresse à comment conceptualiser l’ « apprenance » qui possède selon l’auteur trois composantes : la motivation, apprendre par soi-même et l’écologie de l’apprenance identifiée au pouvoir apprendre. Le troisième chapitre veut préciser en quoi ce concept enrichit la vision des savoirs. Il apporte une « interrogation large sur les façons d’apprendre et les conditions pour le faire ».

Mots clés de la formation à l’ère numérique

Dans la partie dictionnaire, qui forme donc l’essentiel de l’ouvrage, pour chaque mot défini les citations d’auteur apparaissent en italique et les notes développent certaines références bibliographiques. Les corrélats renvoient aux articles de l’ouvrage qui peuvent apporter des informations supplémentaires. Parmi ces 700 définitions, proposons quelques arrêts, forcément subjectifs.

Un peu de vocabulaire

Le dictionnaire aborde la question des « creative commons », fait un point sur le « data » et toutes ses déclinaison ou encore sur l’anglicisme « digital » si souvent employé. Denis Cristol traite aussi des hackatons ou du pecha kucha. Il s’agit d’une technique pour présenter ses idées en utilisant 20 points configurés pour durer exactement vingt secondes chacun. Le mot vient d’une expression japonaise qui signifie bavardage.

Parmi les modèles à connaître

Le premier article est consacré au modèle de développement des apprentissages proposé par Lombardo et Eichinger. Selon eux, l’apprentissage d’un adulte se réalise, pour 70 % de ses connaissances, à travers des activités, pour 20 % en échangeant avec les autres et pour 10 % à l’occasion de cours structurés. Denis Cristol explique ce qu’est le « knowledge building ». C’est une théorie pour obtenir la construction d’une connaissance par un groupe et l’article recense les douze étapes nécessaires pour la réaliser. L’auteur propose également une présentation du modèle SAMR ( Substitution, Augmentation, Modification et Redéfinition) de Puentedura qui s’est répandu rapidement. Ce modèle expose les étapes de mise en place de technologies numériques dans les dispositifs de formation.

Du côté du matériel

Au fil du dictionnaire, Denis Cristol aborde quelques éléments très matériels comme lorsqu’il présente quelques lois informatiques. Au-delà de celle bien connue de Moore, il évoque celle de Metcalfe qui veut que, plus il y a d’utilisateurs d’un service, plus celui-ci prendrait de la valeur et moins le coût de développement ou d’amélioration de ce service serait couteux. L’auteur présente aussi des éléments de matériel de http à usb qui signifie, rappelons-le peut-être, universal service bus. Il poursuit avec le web de 1.0 à 5. 0 ! Il offre aussi une description du web selon les usages ou les formes avec le web profond, le web sombre.

Les grandes questions ne sont pas oubliées

L’article « apprentissage » propose de multiples développements comme l’apprentissage marqué par la dimension collective. On pourra aussi faire le point sur l’écriture collaborative, sur l’évaluation. Denis Cristol se penche sur l’hybridation et ses différentes formes mais également sur l’innovation. Il traite de la littératie, c’est-à-dire l’« aptitude à comprendre et à utiliser l’information écrite dans la vie courante dans le but d’atteindre des buts personnels et d’étendre ses connaissances ». L’article « mémoire » distingue la mémoire individuelle, la mémoire d’une équipe et la mémoire organisationnelle. On lira aussi avec profit un point sur les neuromythes où neuf sont examinés et décortiqués.

Du nouveau forcément

L’ouvrage comprend son lot de mots nouveaux, du moins pour le lecteur que je suis. Parfois ce sera un mot pour mettre un nom sur des pratiques. Si le Byod est connu, le Byos l’est peut être moins. C’est une pratique qui consiste à venir avec le software, c’est-à-dire le logiciel qui va le mieux, et l’apporter au sein d’un groupe. Ensuite, vous pourrez peut-être vous livrer au « diwo » soit do it with other, autrement dit le faire ensemble. Encore plus précis, le terme « edsumer » qui désigne un « néo-apprenant consommateur de mooc ». Il risque d’être victime du taux d’attrition qui désigne le taux d’abandon dans une formation de type mooc qui serait de 90 % ! On apprendra peut-être aussi que le terme « idéation » est le terme français à utiliser pour désigner le brainstorming.

Ce dictionnaire très complet accompagnera donc le formateur pour vérifier une définition, préciser rapidement un concept.

© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes.