L’évaluation aujourd’hui

L’évaluation est au coeur des missions du système scolaire. Elle peut favoriser les apprentissages et, en même temps, elle est l’objet de beaucoup de questionnement de la part des enseignants qui réfléchissent, pour certains, à comment évaluer  autrement ? Ce livre est le fruit de nombreuses années d’expériences. Organisé en huit chapitres, certaines questions comme la motivation, la mémoire et l’apprentissage sont abordées dans plusieurs parties. A la fin de chacune, on trouve une synthèse. L’ouvrage comprend de nombreux visuels pour se repérer ainsi que de petits encarts très utiles intitulés « question fréquente », «  point clé » ainsi que « ça vous est déjà arrivé ? ». Il est complété à la fin par un  marque-page glossaire à découper et également des bonus auxquels accéder grâce à un code contenu dans le livre.

A quoi sert l’évaluation ?

Les auteurs proposent d’abord un questionnement à faire pour se rendre compte des fonctions que l’on assigne à l’évaluation. On peut distinguer cinq fonctions. L’évaluation doit participer à la construction d’un climat de confiance avec les élèves. Les auteurs montrent ensuite comment elle est perçue par les élèves. Il est plus utile de montrer les progrès plutôt que de la performance. Ils invitent également à développer la pratique qui consiste à se corriger pour progresser.

La moyenne au coeur du débat

On doit le marteler sans cesse : la moyenne n’est représentative ni d’un mérite, ni des apprentissages. On peut ainsi se retrouver avec deux élèves qui ont la même moyenne, mais pas du tout le même profil.

Qu’est-ce que la note évalue ?

Les auteurs s’interrogent sur le message que porte une note. Pour se rendre compte des biais, ils proposent un quiz où chacun pourra tester ses connaissances. Parmi les affirmations à trancher, une double correction par deux correcteurs différents permet d’obtenir une note exacte. Chacune des propositions est ensuite commentée. On peut aussi mesurer combien la formulation d’un énoncé peut induire des réponses justes ou fausses. Le chapitre décortique également la notion de compétence et ce qu’elle suppose.

Grille d’apprentissage vs note de performance

Ce chapitre évoque la grille d’apprentissage, un outil élève pour guider et évaluer les apprentissages. L’idée est de faire de ce document le socle du dialogue entre enseignant, élèves et savoirs. Il est à noter que des exemples sont téléchargeables sur le site des éditions en utilisant un mot de passe donné dans l’ouvrage. La grille d’apprentissage doit être bien calibrée pour ne pas proposer des objectifs trop simples ou, à l’inverse, difficilement atteignables.

Construire sa grille d’apprentissage

Cette partie se veut très pratique afin de proposer à l’enseignant plusieurs démarches pour établir cette grille pas à pas. A travers plusieurs exemples, le professeur peut donc construire son outil. Il faut être conscient que cette première ébauche nécessitera des ajustements. Cela implique de préciser ses attendus et l’idéal serait même de co construire cette grille avec les élèves.

Evaluation positive et constructive : valoriser l’erreur

Il faut avoir conscience que l’erreur fait partie de l’apprentissage et, pour apprendre, le cerveau a besoin de se tromper. Les auteurs mettent en avant sept idées pour lesquelles la grille d’apprentissage va s’avérer précieuse. Retenons parmi elles : rendre les élèves acteurs de l’évaluation, évaluer les efforts ou encore évaluer le processus. Plutôt que de chercher l’exhaustivité, il est préférable également de cibler un ou deux points sur lesquels l’élève devra se focaliser. La grille sert donc aussi à relever les réussites. Parmi les bonnes pratiques, on peut citer celle qui vise à demander aux élèves de construire leurs propres QCM. Des fiches pratiques sont consacrées à la procédure des groupes puzzle ou à celle du tutorat en classe. Si on veut que les élèves se corrigent, il faut les aider, par exemple grâce à une fiche d’analyse d’erreur comme celle fournie dans le livre.

Le bulletin, quels auteurs pour quels destinataires ?

Le bulletin est un document redoutable car il doit s’adresser à l’élève, aux parents et aussi à Parcoursup par exemple. Il faut se méfier de faire des remarques à partir de la moyenne car, en sciences, le contenu des trimestres peut varier. Comment comparer une moyenne en rapport avec la chimie et une autre en lien avec l’électricité ? Si le bulletin s’adresse à l’élève, son rôle est de faire apprendre mais, s’il s’adresse à des acteurs externes, le rôle est de permettre de poursuivre le parcours scolaire. Parmi les pratiques intéressantes, on peut citer la note d’apprentissage pour le trimestre. De façon très pratique, les auteurs proposent des exercices pour savoir comment rédiger un bulletin selon le message que l’on souhaite faire passer. Retenons aussi que plutôt d’être félicité, il est mieux d’être encouragé.

Gagnons du temps : corrigeons moins, évaluons plus

Le point central de ce chapitre est de faire que notre temps d’évaluation rende efficace le temps de l’élève. Il faut bien mesurer que changer ses pratiques nécessite d’y consacrer du temps. Il faut en avoir conscience si on enclenche d’autres façons de faire pour l’évaluation. Parmi les pratiques à expérimenter, on peut demander aux élèves de rédiger uniquement une introduction. Il est fondamental d’expliciter les critères retenus par l’enseignant pour corriger. Le chapitre se termine par des témoignages de collègues. En histoire-géographie, on peut mentionner celui de Sabine qui propose en lycée technologique à chaque élève d’élaborer deux questions pour l’évaluation. Chaque proposition est valorisée par des points dans la note. Les questions sont retravaillées ensemble pour former une banque de questions dans laquelle seront choisies celles du prochain contrôle.

En conclusion, Olivier Sauret et Marie-Camille Coudert soulignent que ces façons de faire furent pour eux un « moyen de se reconnecter aux élèves, au métier et au plaisir d’enseigner ». L’évaluation constructive implique de rester dans une logique de développement professionnel. Un ouvrage à s’approprier pour réfléchir à ses pratiques et surtout expérimenter d’autres façons de faire.