La fascination spontanée pour les drapeaux est monnaie courante chez les élèves de l’école élémentaire. Un moment de libre, une feuille quadrillée, des feutres et quelques modèles glanés sur une page de dictionnaire et les voilà partis pour quelques reproductions. Mais savent-ils réellement ce qu’ils représentent ? Savent-ils seulement qu’ils se confrontent à la « vexillologie » ?

Cet ouvrage signé Sylvie Bednar paru en 2008 et réédité sur cette année 2014 devrait permettre de faire le point à qui souhaiterait creuser la signification de ces formes et couleurs si emblématiques. Organisé en fonction des continents et, à l’intérieur de ces cinq parties, selon les points communs entre les motifs, le livre explique très clairement ce qui a guidé chaque Etat à choisir telle ou telle représentation.

La géographie est logiquement convoquée, naturellement pourrait-on dire puisque les éléments physiques sont souvent mis à l’honneur : forme de l’île de Chypre, climat favorable identifié grâce au soleil d’Uruguay ou d’Argentine, eau et neige des croix scandinaves et même carrément physionomie détaillée du site comme pour les Bahamas ou Sainte-Lucie.

Le volet culturel vient également en bonne place avec, là aussi, de nombreux exemples : présence lunaire pour les pays musulmans, armoiries, place accordée à l’écriture (arabe) et toujours ces couleurs pleines de sens (l’honnêteté et la vérité en blanc, le sang versé en rouge…). Le très travaillé drapeau du Turkménistan affiche même de somptueux tapis.

Mais le drapeau, racontant souvent l’histoire de l’indépendance d’un pays, offre surtout des informations de nature politique : l’oiseau présent sur celui de la Dominique change de sens lorsque le pays change d’orientation politique, celui des Philippines voit ses couleurs s’inverser selon que le pays est en guerre ou en temps de paix, celui de la République Centrafricaine se positionne dans la durée avec des couleurs évoquant l’avant (la colonisation) et l’après (le trio jaune/rouge/vert de l’Afrique).

Accompagné d’un grand planisphère signé Mikhail Mitmalka, d’une banderole tissu avec 10 drapeaux et d’une série de 84 stickers en mousse, ce coffret permettra peut-être aux plus passionnés de devenir « incollable » sur le sujet comme l’évoque l’argumentaire presse mais il aura sans doute pour mission plus large de faire s’interroger les lecteurs sur le caractère changeant de notre monde et la dualité existant entre son unité et sa diversité. Les drapeaux évoluent dans le temps (celui de La Lybie est en une illustration très récente) et mettent parfois un sacré moment à se stabiliser (paraît-il que celui du Canada a mis à mal 1500 projets sur 18 ans avant d’être validé !). Et si l’on sèche sur un pays en particulier, on pourra au moins identifier la zone dans laquelle il se trouve (souvent ça marche) grâce aux similitudes de formes, de couleurs, de symboles d’avec ses voisins : ce que la mise en page retenue autorise parfaitement.