Un album apprécié des enfants, des enseignants, recommandé par l’Éducation nationale et qui pourtant me gène.
En effet au-delà des points positifs développés ci dessous cet album offre une vision trop réductrice, « traditionnelle », de la vie en Afrique, car de plus en plus d’Africains vivent dans des villes et même dans les campagnes le téléphone cellulaire est une réalité.

L’intrigue en quelques mots

Epaminondas est un jeune garçon qui va chez sa marraine au village voisin. En enfant obéissant il lui rend jour après jour des services en échange de quoi sa marraine lui donne quelque chose pour le remercier mais à chaque fois une mésaventure lui arrive par manque de bon sens. Quand sa marraine lui donne un premier conseil qu’il suit à la lettre et qui le mène à la catastrophe, puisque son gâteau arrive écrasé. Sa mère le gronde : « Epaminondas qu’as-tu fait de ton bon sens ? etelle lui explique comment il aurait du faire, ce qu’il fait le jour suivant mais le cadeau étant différent les recommandations tournent à la catastrophe avec le beurre puis le petit chien, le pain ….

Les points positifs pour une lecture documentaire en cycle 1 ou 2

Des paysages de savane : baobabs, palmier, fromager, bananier, la brousse, la piste rouge en latérite, les couleurs sont celles de la saison sèche.
De même les vêtements décrits dans les illustrations mais aussi dans le texte..
Le village est assez réaliste : on aperçoit les toits en paille, les murs en terre, des clôtures, un potager, un abri pour protéger les jarres d’eau du soleil.
La vue d’ensemble du village organisé autour du puits, un seau, des
planches, ainsi qu’un vélomoteur donne au lecteur de indications utiles. Des femmes vaquent à leurs occupations.
Si les informations sur l’alimentation à partir des images (pilon, cuisson) sont correctes le texte est moins en phase avec la réalité (gâteaux à la noix de coco, lait au miel, pâtés),
Par contre les transports : à pied, en vélomoteur, sur un âne, et les jeux : boite de conserves, pneu…illustrent une Afrique assez actuelle.

Le CD apporte une ambiance sonore mixte franco-africaine.

Les points négatifs:

Des éléments bien peu africains : le beurre donné par sa marraine, le chien comme cadeau.
Mais les illustrations et surtout le texte donne une vision intemporelle de l’Afrique qui ancre des représentations erronées qui seront ensuite difficiles à corriger. Epaminondas porte un pagne, la jarre pour tirer l’eau est en terre et non comme souvent un seau en plastique ou une poche en pneu
D’où l’intérêt de proposer d’autres albums comme :
Chez Adama, mécanique générale de Véronique Vernette Editeur : Points de suspension ou Le taxi-brousse de Papa Diop Editeur Syros par exemple.

D’autre part le personnage parait être bien sot, une image dévalorisante du jeune africain, impression renforcée quand on connait la première version. Pas celle éditée en 1997 mais celle éditée à une date bien antérieure par Fernand Nathan :
Epaminondas le petit nègre.

Si l’histoire de prime abord semble différente : « Il y avait en Louisiane, en Amérique, une brave négresse qui n’avait qu’un fils. Comme elle était pauvre et n’avait pas grand’chose à lui laisser, elle voulut lui donner un beau grand nom. Elle l’appela Epaminondas,.. » la trame est identique, le texte même des aventures est repris au mot près ce qui peut expliquer le décalage dans la dernière version entre le texte et l’illustration

Epaminondas un album à utiliser mais pas seul. Il est indispensable de donner une vision plus contemporaine de l’Afrique.