Le but de cette recherche est de mieux comprendre l’accommodement à l’autre proche et différent. Tout au long de ce livre les auteures font référence à d’autres études notamment européennes sur le même sujet.
Une longue introduction présente le cadre de l’étude: 80 couples aux multiples origines sur tous les continents et annonce les résultats développés en cinq chapitres.
De la première rencontre jusqu’à la vie à deux
Ce premier chapitre présente les raisons qui poussent certains à choisir un conjoint différent alors que l’endogamie reste très majoritaire. Un environnement socialement et culturellement diversifié semble le premier critère. L’union mixte est dans nombre de cas le produit d’un parcours personnel familial et social antérieur à la rencontre comme une recherche d’altérité.
L’université est le lieu idéal de cette rencontre. Quant aux réactions de l’entourage elles sont variées. La crainte d’une union motivée par l’obtention de la carte de résident est fréquente chez les Québécois alors que la famille d’origine restée au pays exprime la crainte d’une installation définitive et la rupture du lien familial.
Nommer son enfant : stratégies parentales
On aborde ici réellement la question de la transmission identitaire. Chez les enquêtés s’il y a bien un projet il semble que ce soit l’ouverture culturelle au monde qui domine au-delà des cultures du couple.
Le choix du prénom et du nom vise à montrer des diverses origines alors qu’en France le choix renvoie à une seule origine souvent celui du pays d’accueil ou à une neutralité marquée dans le choix du prénom.
La législation québécoise prévoit pour le nom la double référence mais cela reste marginal, le nom du père est généralement choisi. Pour le prénom la facilité de prononciation en français et sa compatibilité avec l’autre origine qui paraissent déterminants. L’ensemble nom-prénom assure en général l’affichage de la double origine, les prénoms multiples offrant le choix d’usage aux deux familles et un choix futur à l’enfant.
Pratiques linguistiques
Le multilinguisme est largement dominant associant souvent l’anglais au français, Canada oblige, et à d’autres langues selon l’origine du migrant.
Le rôle de l’entourage est important dans cette transmission, à côté du français langue de l’école. L’acquisition de la langue d’origine de la famille éloignée est perçue comme importante pour permettre de voyager à la rencontre de la famille.
L’impact du statut international de la langue joue également un rôle : français standard/français québécois et s’impose aux langues maternelles des deux conjoints, s’ils sont non francophones laissant l’emploi de ces langues à la famille élargie.
Les parents voient dans le multilinguisme à la fois un capital utilitaire et un héritage culturel.
Religion et ritualité au sein des familles mixtes
Comme pour la langue la transmission transgénérationnelle et la famille élargie jouent un grand rôle même si aujourd’hui cette transmission est concurrencée par la transmission par les réseaux sociaux. Cette réalité semble aussi vraie en France notamment en ce qui concerne les adhésions à l’Islam comme des événements récents ont pu le montrer.
Pour le groupe étudié la mixité ethnique est plus grande que la mixité religieuse, les personnes interrogées sont majoritairement chrétiens non pratiquants.
L’initiation religieuse (baptême, circoncision) est souvent une marque de soumission à la famille élargie avec l’idée souvent exprimée que l’enfant choisira à l’age adulte.Cette initiation est une affirmation plus identitaire que religieuse.
Dans ce chapitre une place est faite aux festivités religieuses ou non, une occasion de transmettre aux enfants un sentiment d’appartenance aux origines, d’autant que les rituels festifs sont un moment important de la construction du lien social et de cohésion familiale. Noël, Pâques, l’Aïd-el-Kébir, les fêtes de passage (baptême chrétien ou musulman), les fêtes nationales sont des occasions de repas identitaires et de liens téléphoniques avec la famille restée au pays.
le rôle de l’entourage
Ce dernier chapitre présente la grande diversité des réalités en fonction de la taille du réseau familial, sa localisation géographique et en particulier le lien avec la famille à l’étranger entre envie de rencontres et réalités économiques. L’entourage amical est rapidement évoqué.
Conclusion : Et si ce modèle était celui de la famille de demain, une « avant-garde des tendances sociales » dans un monde globalisé?