Alfred Inis Ndiaye propose ici l’autopsie d’une catastrophe dont on vient de commémorer le 21e anniversaire.

L’auteurIl est professeur de sociologie des organisations et des relations professionnelles à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis et chercheur au Centre de Recherche sur les Politiques Sociales (CREPOS). analyse les différents rapports sénégalais et français rédigés à la suite du naufrage du Joola, certains nomment le Titanic sénégalais. La mémoire de ce drame est toujours vive, comme le montre l’album Que la mer vous soit légère : La vraie fable du bateau Joolapar Stefano Boroni, L’Harmattan/Sept Editions, 2023.

Il en ressort que les causes et les responsabilités sont multiples. On suit le cheminement de l’enquête qui ne débouche sur aucun procès malgré l’ampleur des pertes : 1863 morts ou disparus sur 1928 personnes à bord alors que la capacité du navire était de 536 passagers et 44 membres d’équipages

La seconde partie est consacrée à la mobilisation des familles pour que soit reconnu leur statut de victimes et qu’on tire les conclusions pour rendre plus sûrs les déplacements entre la Casamance et Dakar.

C’est avec rigueur et à travers le prisme de sa spécialité de sociologue que l’auteur rapporte le long et peu fructueux chemin pour obtenir la reconnaissance du drame, une indemnisation des victimes et la vérité sur le naufrage. Ce qui interpelle, c’est la lenteur de traitement du dossier et les tergiversations à propos du renflouement du navire.

En guise de conclusion, une question : Un autre Joola est-il possible. La réponse d’Alfred Inis Ndiaye est sévère sur les manquements qui pourraient entraîner d’autres catastrophes industrielles. Il invite à une éducation des populations face aux risques, plus de civisme aussi.

L’hommage aux victimes attendus depuis si longtemps, devrait trouver son expression dans un musée-mémorial dont l’inauguration est prévue en octobre de cette année.

En annexe différents textes, conférences de presse.

 

Cet ouvrage, qui évoque une situation sénégalaise, peut toutefois être le support d’une étude de cas à comparer avec une situation française ou européenne (AZF), ce qui permet de mesurer les similitudes et les écarts face à une catastrophe en fonction du niveau de développement des pays.