Sylvain Connac est l’auteur de plusieurs ouvrages dont « La personnalisation des apprentissages » ou encore « Enseigner sans exclure » déjà chroniqués sur ce site. Chercheur en sciences de l’éducation, il travaille depuis de nombreuses années sur les pédagogies de la coopération. Sylvain Connac introduit son propos en expliquant que « faire coopérer des élèves est à la fois naturel et risqué ». Selon lui, la coopération est fondamentale, encore faut-il bien la structurer. C’est à cela qu’entend répondre son ouvrage. Sylvain Connac pointe d’abord quatre risques de dérive associés à la coopération entre élèves comme la dérive différenciatrice où les élèves les plus compétents sont chargés des tâches les plus intéressantes.
Un esprit, une méthode
Son nouvel ouvrage appartient à une nouvelle collection qui affiche comme slogan « des livres écrits par des enseignants pour des enseignants ». Il est à noter que le livre se prolonge sur Internet grâce à un code et une adresse disponibles dans le livre. Il y a également un groupe Facebook, un Instagram et un Twitter pour prolonger la réflexion et les échanges. On trouve tout au long de l’ouvrage des encarts « points clés » pour retenir l’essentiel ainsi qu’une rubrique « points essentiels » à la fin de chaque chapitre. On trouve également des fiches d’évaluation sur le travail en équipes. Cet ouvrage comprend neuf chapitres avec à chaque fois toute une série d’exercices sous forme de fiches pratiques ainsi qu’une bibliographie à la fin.
Coopération, collaboration ou compétition ?
L’auteur s’attache d’abord à clarifier les termes. Avec la coopération, on apprend mieux seul, et, en même temps, on se sent membre d’un groupe. La collaboration désigne une forme de travail à plusieurs orientée vers la production d’une oeuvre. Il faut aussi bien mesurer que la coopération n’est pas la compétition. Plusieurs exercices pratiques sont ensuite proposés. Sylvain Connac propose ensuite des déclinaisons qui correspondent à des objectifs différents. Plusieurs visuels permettent de synthétiser son approche. On apprécie particulièrement celui sur les formes de coopération pour apprendre qui distingue aide, entraide, tutorat et travail en atelier. L’auteur aborde également la question de l’espace dans la classe en décrivant plusieurs façons de l’organiser.
Aide, entraide et tutorat
Sylvain Connac décline chacun de ces termes en soulignant leurs avantages et leurs risques ainsi qu’un certain nombre de précautions à prendre. Une fiche pratique « le défi Shadock » s’appuie sur le fait que sept élèves formés à la construction de Shadocks en origami doivent expliquer ce pliage à leurs camarades. Cela se fait selon six techniques différentes allant de la consigne orale au fait que le tuteur aide à manipuler.
Le travail en groupe, en atelier ou en équipe
Le travail en groupe privilégie les confrontations d’opinions entre les élèves, le travail en atelier recherche plutôt « l’imitation mutuelle » alors que le travail en équipe « se focalise sur la mise en projets des élèves ». Sylvain Connac suit le même schéma que dans le chapitre précédent ce qui permet de faire efficacement le point sur chacune de ces méthodes. L’auteur revient ensuite sur les différentes façons de constituer des groupes. Une fiche pratique est consacrée au placemat, méthode pédagogique très intéressante. Il s’agit d’une feuille où chaque élève remplit une partie avant que la discussion entre eux n’aboutisse à l’écriture des points sur lesquels ils sont d’accord dans l’espace central.
Les conseils et les jeux coopératifs
Le conseil coopératif s’attache davantage à ce qu’on pourrait assimiler au climat scolaire. Une fiche s’intéresse à la possibilité de construire un règlement de classe. L’auteur développe ensuite la question de l’intérêt des jeux coopératifs qui peuvent avoir comme effet de tisser des liens entre les élèves. Il propose de nombreux exemples, y compris en vidéo, grâce à des liens sous forme de qr-code.
Marchés et discussions
Sylvain Connac détaille ensuite l’exemple des marchés de connaissances. Il s’agit de situations coopératives où des « élèves-passeurs transmettent des savoirs à des élèves-receveurs. Le postulat de départ est que …le savoir appartient à tout le monde et s’échange ». Il aborde également le système de la discussion à visée démocratique et philosophique. Le but est d’aider les élèves à penser par eux-mêmes. L’auteur fournit tout un tas d’outils pratiques pour aider à la mise en place de ce type de procédure.
A la fin de l’ouvrage, Sylvain Connac propose au lecteur qui le souhaite de faire le point sur ce qu’il a lu et appris dans cet ouvrage. Il invite aussi comme évoqué en introduction à prolonger la discussion sur différents réseaux sociaux. C’est donc un ouvrage très clair qui remplit parfaitement la promesse affichée, à savoir « écrit par des enseignants pour des enseignants » en insistant sur le concret, le pas à pas pour progresser et les retours d’expérience.
© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes