Cet ouvrage sur les Expériences et représentations de l’espace dans l’Antiquité, publié par les éditions Ellipses, a été composé spécifiquement pour répondre au programme (qui change tous les ans) de l’épreuve de « culture antique » des classes préparatoires littéraires. C’est un recueil de trente articles relativement brefs mais dont le total fait tout de même plus de 600 pages. Le souci pédagogique est évident : chaque article est suivi d’une bibliographie succincte généralement française, et souvent de documents, de définitions, de pistes de réflexions ou de renvois à d’autres sources.
Ce livre souffre toutefois d’un défaut majeur : l’absence de réflexion générale sur le sujet et donc le manque d’une ou de plusieurs problématiques qui structureraient l’ouvrage et la réflexion des lecteurs. Au contraire, celui-ci se retrouve devant un nombre considérable d’articles, écrits tantôt par des universitaires, tantôt par des professeurs de classes préparatoires, et qui relèvent de disciplines différentes : linguistique, philosophie, histoire, histoire littéraire, géographie, archéologie. Cette diversité peut être considérée comme une richesse et elle est revendiquée comme telle par les coordinateurs de l’ouvrage, mais la diversité des sujets ne permet pas de comparer ces approches différentes. La trentaine de textes a pour seul point commun l’usage du mot « espace » que chacun comprend à sa façon. Le vague classement en six thèmes (l’espace dans les mots et la représentation ; l’inventaire du monde ; l’espace urbain et civique ; l’espace élémentaire ; d’un espace à l’autre ; vers un autre espace) cache mal la juxtaposition d’articles conçus séparément et qui, de plus, vont du plus pointu (comme l’article sur les catastérismes, c’est-à-dire des récits de métamorphoses des héros en astres) au plus général (comme celui sur « la province romaine »).
Sans nier la qualité des articles proposés (mais sans qu’il soit question ici de les résumer tous), il est pourtant difficile d’imaginer que des étudiants puissent tirer un grand profit d’un ouvrage qui ne présente pas de perspective générale sur le sujet.
En revanche, ce livre pourra rendre d’importants services aux enseignants ou être utilisé ponctuellement par les étudiants. Pour les enseignants, il constitue un riche réservoir de textes commentés, ce qui correspond totalement à l’enseignement de cette discipline qui est supposé se fonder systématiquement sur des documents.
Indirectement, cet ouvrage peut fournir de bons textes en rapport avec le sujet représentatifs d’auteurs grecs ou latins, depuis Homère jusqu’aux Pères de l’Église. Si l’on trouve des textes bien connus d’Horace ou de Virgile, ce livre donne aussi accès à des sources moins fréquentées dans les études littéraires comme Pausanias, Polybe, Vitruve ou Strabon ; il permet plus généralement de repérer rapidement des textes intéressants mais auxquels on ne penserait pas forcément, par exemple chez Sénèque ou Eschyle. Ils se trouvent, de plus, assortis d’un commentaire susceptible de servir de point de départ.
Les étudiants trouveront ponctuellement des mises au point commodes, par exemple sur les voies romaines ou sur le modèle de la ville romaine. Enfin, une troisième possibilité d’utilisation pourrait consister à ce que le professeur renvoie les étudiants à tel ou tel article pour se dispenser d’aborder certains points, car le programme est immense et le nombre d’heures de cours très réduit. : on pourrait ainsi imaginer qu’un enseignant recommande à ses étudiants la lecture des articles sur les auteurs élégiaques romains, ou de ceux sur l’au-delà, ou encore de ceux sur le voyage car ce sont trois thèmes abordés dans plusieurs articles et qui permettent donc d’approfondir la question et de croiser les approches.