Cet opus édité chez « Ecole Vivante » appartenant à la maison d’édition Retz se veut une sorte d’adaptation de l’ouvrage belge de 2017, « Trésors du dehors » au contexte législatif français.

 

Rédigé par le collectif « Tous dehors » et Alexandre Ribeaud et structuré en 4 grands chapitres, il débute sur un petit quizz pour cerner le profil du lecteur enseignant qui se verra plutôt axé sur l’autonomie et la découverte, sur le juste dosage entre plaisir et apprentissages ou enfin sur le stress engendré par la question de la sécurité.

 

Le premier chapitre légitime la sortie à travers le diagnostic d’un déficit nature expliqué par l’utilisation de terres toujours plus urbanisées et une peur de l’extérieur alors que les bienfaits du dehors, tant physiques (augmente l’immunité, l’endurance, lutte contre les excès de poids…) que psychiques (apaise les hyperactifs, libère les profils mutiques, accroit la persévérance et la cohésion sociale…), sont désormais avérés. Travailler dehors permet de décloisonner les disciplines et de faire davantage de « concret ». Un cercle vertueux autour de la motivation de l’enseignant et de l’élève est à relever.

 

Le second chapitre évoque les multiples questions organisationnelles. Les sorties sont généralement de trois ordres : régulières dans un périmètre très proche, occasionnelles sans nuitée, avec nuitée. On traite ici du taux d’encadrement avec la délicate équation de « l’épuisement du capital parent » au fur et à mesure des demandes ainsi que la nécessaire installation d’un peu de spontanéité et de « lâcher prise » de la part de l’enseignant.

 

Le chapitre trois s’arrête sur l’important dossier de la communication. Il faut pourvoir séduire progressivement les différents acteurs (parents, collègues, hiérarchie) et argumenter pour susciter l’adhésion et éviter craintes, jalousies et incompréhensions. Ne pas hésiter à faire des bilans, des retours photographiques…et dire que le rythme et la progression des apprentissages n’ont pas été malmenés par ce temps « prélevé » au temps de classe classique.

 

Le quatrième chapitre traite lui des bénéfices sur les apprentissages eux-mêmes. Les sorties sont ici répertoriées en deux grandes catégories : libres ou ciblées sur un/des apprentissage(s) en particulier. Des compétences générales sont citées (autonomie, motricité, relationnel…) mais également des éléments spécifiques à chaque discipline. Bien évidemment, la précision et la richesse du langage mobilisé s’en voient améliorés ; la dimension concrète des mathématiques prend ici tout son sens (appréhender les ordres de grandeur de masse, de distance par le corps ; ranger, classer, tracer avec un matériau disponible immédiatement) ; les sciences du vivant et de la matière et, bien sûr, la géographie dont l’espace est l’objet d’étude se voit également rendue plus concrète (paysage, plan, trajet…).

 

Un bel ouvrage présenté dans une maquette soignée et attrayante, un fond de propos difficilement contestable et quelques bonnes idées de mises en œuvre, un recours à certains travaux de recherche pour étayer le discours mais, regret à souligner, un surdosage des verbatim d’enseignants qui occupent beaucoup d’espace et qui, l’immense majorité du temps, demeurent très positifs sur ce qu’ils ont entrepris. Des écueils et des déconvenues existent tout de même…