Les différentes parties de l’ouvrage connaissent un classement identique. L’auteur se livre à chaque fois à un exercice de géohistoire, traitant des identités et des diversités européennes, des différentes Amériques d’un point de vue linguistique, des séquelles historiques de l’esclavage et des peuples du Proche-Orient.
Une fois cette mise en situation parfois très rapide achevée, le géographe se mue avec beaucoup de facilité en économiste pour présenter les différents systèmes et les structures d’intégration régionale comme le Mercosur ou l’Union européenne en tant que puissance commerciale. L’exercice présente un réel intérêt documentaire et le lecteur pressé trouvera ici une synthèse mise à jour de ces questions que beaucoup, surtout des historiens, trouvent parfois ennuyeuses mais indispensables.
C’est dans le troisième temps que l’auteur présente ensuite les questions touchant à la géopolitique proprement dite. On y retrouve les grandes questions du moment, avec un intérêt particulier pour des pays qui sont « sortis » récemment de l’actualité, comme le Népal ou le Soudan. Le risque étant que l’évolution rapide de ces questions ne fassent vieillir l’ouvrage prématurément. Cela explique peut-être le choix de ne pas présenter de cartes récentes des conflits en cours, ce qui manque un peu pour un usage universitaire.
Parmi les questions traitées, et dans le cadre d’une recension d’un ouvrage de ce type, on insistera sur certains aspects précis. Paradoxalement, si l’on tient compte des origines et de la formation de l’auteur, la partie la plus stimulante est celle consacrée à l’amérique du Sud. Les rapports particiuliers entre les Etats-Unis et leur pré carré, sont analysés avec beaucoup de finesse, surtout lorsqu el’in traite de l’exemple mexicain ou brésilen. Comment les méxicains, dans le cadre de l’Alena, parviennt-ils à s’affirmer en tant que pays émergent ? Comment le Brésil, puissance régionale organise-t-il la résistance à une intégration étasunienne ?
L’auteur s’inscrit clairement dans la tradition dominante des spécialistes français de géopolitique et des relations internationales : plutôt atlantiste du fait d’un déficit d’Europe comme Thierry de Montbrial et largement hostile aux expériences de gauche. L’évolution de l’Amérique du Sud, de Lula au Brésil à Morales en Bolivie, de Chavez au Venezuela à Ortega au Nicaragua, s’inscrit quand même dans une autre approche.
À moins que, comme pour Cuba, l’auteur n’explique par la complaisance dont l’intelligentsia européenne fait preuve à l’égard de Castro, l’émergence de la gauche en Amérique latine. À propos de Cuba, l’auteur prend tout de même des risques en jugeant peu probable une évolution sur l’île, ce qui est assez peu prudent compte tenu de la santé du Lider Maximo.
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