Les auteurs, Christophe Badel et Hervé Inglebert, respectivement professeurs d’histoire romaine à l’université Rennes 2 et à l’université Paris-Nanterre, sont déjà auteurs d’atlas (Atlas de l’Empire romain pour C. Badel ; Atlas de Rome et des barbares pour H. Inglebert) dont la réunion a permis de constituer ce Grand Atlas de l’Antiquité romaine (2e édition). L’Empire romain est abordé sur une période plus longue que dans la plupart des ouvrages qui lui sont habituellement consacrés (du IIIe siècle av. J.-C. au VIe siècle apr. J.-C.) sans pour autant remonter jusqu’aux origines de la cité. Cela traduit la volonté de s’inscrire dans le renouvellement actuel de l’histoire des empires, en s’attachant à la période où Rome constitua un empire au sens territorial, avant de se muer en un Empire au sens politique.

L’ouvrage est divisé en 11 sections, chacune précédée d’une introduction permettant une mise au point historiographique. Le champ balayé est large et, comme dans les autres atlas de cette collection, le traitement ne se limite pas à une simple présentation de cartes. Il s’agit davantage d’une contextualisation d’éléments historiques à l’aide de représentations graphiques. Les textes d’accompagnement, courts et denses, présentent à chaque fois les enjeux fondamentaux du thème.

Ces thèmes sont nombreux et balayent les principaux champs historiographiques de l’histoire romaine, qu’il s’agisse de la nature de l’impérialisme romain, de la romanisation, du limes, des révoltes provinciales ou de tous les phénomènes dits de résistance à Rome ou à la romanisation. Les rapports entre Rome et les mondes extérieurs sont mis en lumière, et notamment les contacts avec les barbares qui constituent un enjeu déterminant du IIIe au VIe siècle de notre ère. Les liens qui se tissent au moment même où le christianisme s’étend au sein de l’Empire comme chez ces peuples de l’extérieur, bientôt installés à l’intérieur, sont des facteurs de transformation de l’Empire. Là encore les motivations de l’installation des barbares, longtemps qualifiée d’invasions, ont fait l’objet d’une réévaluation. Ces migrations ont pu être négociées, acceptées ou refusées, forcées selon les cas. Mais les peuples qui s’installent dans l’Empire ne viennent pas pour le conquérir. Leur venue répond à la volonté de trouver une place dans un espace prospère et pacifié. Cette présence nouvelle bouleverse néanmoins un Empire désormais scindé politiquement entre Orient et Occident. Pendant longtemps l’arrivée des peuples barbares a été vue comme une preuve de la décadence de l’Empire, le conduisant à sa chute. Ces formulations sont désormais rejetées mais la recherche actuelle envisage que s’il y a eu un déclin, il est à envisager comme une conséquence et non comme une cause de la fin du régime impérial. On constate effectivement que la disparition du pouvoir impérial en Occident entraîne un mouvement de repli économique, une limitation des échanges à une ère géographique circonscrite, en somme une sorte de rétrécissement du monde, qui conduit à terme à une fragmentation politique qu’illustre le temps des royaumes barbares.

Toujours clair et synthétique, parfaitement illustré et actualisé, cet atlas offre une première approche idéale avant de se diriger vers des ouvrages plus spécialisés.