Depuis 2013, la revue Urbanisme a changé de maquette. Elle entend être la « Revue de référence de ceux qui font la ville, de ceux qui la pensent, de ceux qui l’étudient et plus généralement de ceux qui l’aiment. […] Plus encore que par le passé, la revue veut dépasser les frontières, accueillir des auteurs de tous horizons et appréhender les transformations des villes à l’échelle mondiale. »

Ce numéro trimestriel du printemps 2020 contient un dossier de 40 pages intitulé « Habiter un monde plus chaud ». Face aux épisodes caniculaires qui se sont multipliés ces dernières années, et encore en 2020, l’adaptation des villes au changement climatique apparaît comme une impérieuse nécessité. Les solutions ne sont pourtant pas simples. Margot PELLEGRINO rappelle d’abord que l’adaptation est un processus qui se produit à plusieurs échelles spatiales et temporelles et qui fonctionne par boucles. Elle est itérative. Toutefois les politiques publiques ont du mal à prendre en compte la nature itérative de l’adaptation au changement climatique. Rares sont les actions qui visent à la fois l' »adapter » et le « s’adapter ». L’intégration des données climatiques dans les documents de planification est une première étape essentielle. Les exemples de Nantes (par Romain SIEGFRIED) et de Toulouse sont développés. Plusieurs projets sont ensuite présentés : le concept d' »ilôt de fraicheur » (Jeffrey RAVEN) défini comme un quartier à haute densité capable d’absorber lui-même une partie de ses propres émissions de gaz à effet de serre, la meilleure gestion des eaux souterraines et de surface à Romorantin ou Lyon (Bruno BARROCA), le débat autour de la raréfaction des ressources en eau, les transformations des villes pour faire de la nature un élément structurant, un rempart extérieur face aux risques climatiques et pas seulement un objet décoratif (par l’écologue Marc BARRA). Les éléments proprement architecturaux des bâtiments urbains sont aussi à prendre en compte. Pour l’architecte suisse Philippe RAHM, « la forme suit le climat »  et pour l’architecte Philippe MADEC, l' »approche frugale est déjà à l’oeuvre ». Enfin, la problématique des migrations climatiques est abordée par Alice BAILLAT, Lorenzo GUADAGNO, Daria MOKHNACHEVA (du PNUE) et Pablo ESCRIBANO (sur les recompositions des espaces urbains dans les Amériques).

En-dehors de ce dossier, d’autres articles sont très intéressants. Les premiers traitent des conséquences urbanistiques, plus ou moins directes, de la crise sanitaire du Covid-19. Pour Catherine BARBÉ, on note déjà une revanche du périurbain. Pour Cynthia GHORRA-GOBIN, une politique de santé ancrée dans les métropoles sera un facteur de résilience alors que pour Jean HAËNTJENS le virus est un catalyseur de tendances à l’œuvre et voit le crépuscule des « global cities ». Un éloge de la terrasse (par le sociologue Jean-Louis VIOLEAU) et un plaidoyer pour une urbanité piétonnière (par Hékène HATZFELD) concluent ces « réflexions virales. »  L’article d’Alexandre GRONDEAU et Boris LEBEAU les complètent en montrant comment la cité-Etat de Singapour, dont l’économie est entièrement tournée vers les échanges, fait preuve de résilience dans le contexte de la crise sanitaire du Covid-19, qui met à l’épreuve ses nombreuses vulnérabilités. Enfin, Jean-Marc STEBE, Elsa MARTIN et Jean-Baptiste DAUBEUF promeuvent dans leur article un regard différent sur les bidonvilles. Pour cela, ils évoquent l’exemple, original et surprenant, du bidonville Louis-le-Débonnaire à Metz et sa résorption sur 3 années. A noter également l’interview passionnante de Michel LUSSAULT.

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