Au moment où l’on voit dans les grand medias une certaine conception de l’histoire défendue par des auteurs en mal de notoriété qui surfent sur une nost-histoire – qui n’est pas moins ragoutante qu’une certaine nostalgérie, ce Fluide Glacial qui a été la bande dessinée de beaucoup de quadras et de quinquas vient à point nommé.

Si l’on peut rire de tout, pas forcément avec n’importe qui d’ailleurs, l’histoire de France fournit aux auteurs de ce recueil spécial un beau terrain d’entrainement. Dès lors que l’on commence à traiter les grandes batailles comme un affrontement entre Jean Le Bon de Bayonne et Marceau VI de Strasbourg, – Prononcer à voix haute – le ton est donné.
Reçu en service en presse, des éditions Flammarion, propriétaires du titre, ce bel album fournira au professeur d’histoire en mal de perles, de plus en plus rares, quelques raisons d’espérer, à moins que cela ne fournisse quelques arguments pour tourner en dérision les Dimitri Casali et autres Lorant Deutsch dont la vocation première ne semble pas être l’histoire d’ailleurs.

Autre moment de pur bonheur dès que l’on ouvre la revue, c’est cette planche de Léocrart où Nostradamus affirme : Le néolibéralisme des marchés il dérégulera et l’État providence il démantèlera ». Et son vis à vis dépité de lui répondre : L’emmerdement avec Nostradamus, c’est qu’on comprend rien à ses prophéties ».
Dans les grandes énigmes de l’histoire, les pseudos révélations sont tournées en dérision et cela fait du bien lorsque l’on subit périodiquement des questionnements du genre, « Hitler avait-il du sang juif ? » et autres « juifs qui ne sont pas allés travailler le 11 septembre ». Les motivations de ces rumeurs ne sont pas innocentes d’ailleurs. Heureusement Léandri nous rassure. De façon catégorique, historiquement et scientifiquement prouvée, Vincent Auriol n’était pas un Lama ! Pour savoir si Jeanne d’Arc était finalement un homme on repassera par contre.
Indispensable pour ceux qui iront à Blois pour d’autres raison que des mondanités, l’assassinat du Duc de Guise qui s’y est déroulé le 22 décembre 1588 a beaucoup inspiré le dessinateur Thiriet.

Pour les nostalgiques cette émission avec Alain Decaux et André Castelot de 1960 leur rappellera de bons souvenirs !
Parmi les bons moments d’histoire qui suscitent la curiosité on lira avec attention l’histoire du poilu amnésique, Anthelme Mangin, trouvé en 1918 sur un quai de gare et que 300 familles ont réclamé en vain après l’avoir reconnu comme un proche disparu. http://www.liberation.fr/culture/2002/11/11/au-moins-300-familles-ont-reclame-le-soldat-inconnu-vivant_421273
On aura du mal à utiliser ce « manuel » d’un genre particulier en classe, ni même à le présenter au Conseil supérieur des programmes même si nous avons quelques tentations.

En 100 pages inédites, pleines de BD, de dessins et de textes parodiques, les auteurs se sont fait plaisir et ce qui ne gâche rien, font aussi plaisir à leurs lecteurs.

Bruno Modica