La civilisation étrusque a très longtemps suscité l’imagination des romanciers, les interrogations des historiens et des archéologues, pour ce qui relève de leur origine et du décryptage de leur langue. Assurément, l’Étrusque n’est pas une langue indo-européenne, et elle présente quelques traits communs avec les Turcs et le finnois. Toutefois, l’alphabet étrusque doit beaucoup à celui des Grecs, et il semblerait qu’il ait été adopté pour les échanges commerciaux avec les peuples qui venaient de la mer Égée.
L’origine de cette population a également suscité de nombreuses interrogations. Pendant très longtemps on a cru à une origine orientale, en raison de la similitude avec certains décors, par l’utilisation du cheval, comme en témoignent, les très nombreux mors retrouvés dans les sépultures aristocratiques. Un texte d’Hérodote évoque d’ailleurs une famine en Lydie qui aurait été à l’origine d’une migration d’une partie de la population vers le nord de l’Italie. La plaine du Pô aurait été considérée comme suffisamment attirante pour que cette population s’y installe.
Une origine nordique a même été envisagée, en raison de l’utilisation par la population des pratiques d’incinération pour les sépultures. Une analogie avait été trouvée avec la civilisation des champs d’urnes. On sait aujourd’hui que cette pratique était méditerranéenne et elle se retrouve dès le néolithique ancien sur différents sites archéologiques des rives de la Méditerranée.
Origine incertaine
D’après les derniers travaux et notamment l’examen des sites habités du tout début de l’âge du fer, avec les installations Villanoviennes dans la plaine du Pô, l’origine orientale de ce peuplement a été très largement remise en cause. Il semblerait que cette civilisation urbaine, guerrière, se soit développée par agglomération de plusieurs villages qui ont permis la constitution de Cités.
On lira avec attention à partir de la page 92 le très intéressant passage sur la société étrusque. Les principaux témoignages dont on dispose proviennent de sources grecques ou latines et se rapportent à une période déjà tardive. Il semblerait qu’au milieu du VIIIe siècle avant Jésus-Christ, une classe aristocratique ait émergé. C’est cette catégorie de population qui détenait le pouvoir en s’appuyant sur une clientèle de citadins qui obtenaient protection en échange d’obligations militaires économiques. Ces familles aristocratiques et leurs clients constituaient des ensembles appelés gentes, qui se reconnaissaient des ancêtres communs. Au sein de ces gentes, était choisi les rois qui gouvernaient les cités.
Les esclaves étaient nombreux dans les cités étrusques et contribuaient aux travaux domestiques ainsi qu’aux divertissements de leurs maîtres en étant acrobates musiciens danseurs et même athlètes. Il semblerait que la tradition des combats de gladiateurs trouve son origine chez les étrusques qui les organisaient à l’occasion de jeux funéraires.
Femmes émancipées
On peut comparer le mode de vie des étrusques de celui des athéniens au Ve siècle, avec l’utilisation des esclaves dans les mines, ces installations faisant la prospérité des cités étrusques. Au VIe siècle une classe d’artisans et de commerçants semblent se constituer avec l’intégration dans la cité d’un certain nombre de commerçants et artisans étrangers, d’origine grecque, celte ou italiques.
La place des femmes dans la société étrusque était bien différente de celle qu’elles occupaient à la même époque dans le mondes grec ou Romain. Les femmes de la noblesse étrusque étaient aux côtés de leurs époux et disposaient d’un statut beaucoup plus important que les romaines et les grecques qui étaient limitées aux activités domestiques. La société étrusque était, d’après les très nombreux témoignages recueillis dans les nécropoles et dans les peintures particulièrement raffinées. Le cadre de vie des familles aristocratiques était l’objet de nombreuses attentions qui faisaient l’admiration des Romains jusqu’au IIIe siècle avant Jésus-Christ.
On pourrait se demander comment une civilisation aussi brillante a pu péricliter et laisser la domination de l’Italie à cette petite cité romaine constituée dans le Latium. Ce sont tout de même les étrusques qui ont jeté les bases de la civilisation romaine avec les différents rois Tarquins, à la fin du VIIe siècle.
Intégration à Rome
La ville a été gouvernée par des rois étrusques pendant un peu plus d’un siècle et c’est sous leur règne que la cité s’est développée avec les différents temples et surtout le premier mur d’enceinte qui enfermait une superficie de plus de 400 ha ce qui faisait de l’arum étrusque la plus grande ville d’Italie continentale. Au début du Ve siècle avant Jésus-Christ, la chute des Tarquins a ouvert une période d’instabilité et de lutte entre les étrusques et les habitants de Rome qui cherchait à se débarrasser de cette influence encombrante. Les étrusques ont été affaiblis au IVe siècle avant Jésus-Christ par l’invasion celtique en Italie du Nord qui a menacé Rome mais qui a au passage considérablement affaibli les différentes cités étrusques. Les Romains ont pu à partir de là, mener des combats contre les cités étrusques du Nord tout en luttant contre les Samnites, un peuple venu d’Italie du Sud particulièrement belliqueux. Il faut attendre 264 la fin des guerres contre les Volsques pour voir les crédits transformés en une simple région soumise à Rome. Cela se déroule alors que les guerres puniques viennent de commencer. Les étrusques ont été assimilés à Rome, et lors de la guerre sociale de 91, lorsque les peuples d’Italie se soulèvent contre Rome, le Sénat romain décide d’accorder à tous ces peuples la citoyenneté romaine en 88 avant Jésus-Christ.
© Bruno Modica