Nos chères éditions P.U.F. nous gratifient d’un manuel destiné aux classes préparatoires ECS, dont le titre reprend l’intitulé de la discipline et du programme enseignés à aux élèves préparant les concours des Grandes Écoles de commerce, série Scientifique.

La concurrence est rude sur le créneau, avec pas moins de 5 ou 6 manuels similaires, parus chez divers éditeurs (Nathan, Ellipses, Bréal, Studyrama, Dunod et quelques autres), en un, deux ou plusieurs volumes. Les P.U.F. ont ici fait le choix de la compacité en rassemblant en un seul ouvrage – qui fait tout de même 700 pages – le programme des deux années

L’ouvrage est dirigé par Florian Louis, professeur en CPGE au lycée J.-J.-Rousseau (Sarcelles) et enseignant à l’Institut d’études politiques de Paris. Florian Louis est spécialiste de géopolitique. Agrégé d’Histoire et Doctorant à l’EHESS (La science de l’ennemi : la réception de la géopolitique en France, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis (1900-1960)), il est chargé de cours à Sciences Po et à l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm. Il participe régulièrement à la rédaction de manuels d’histoire-géographie de lycée et a déjà publié en 2014 Les grands théoriciens de la géopolitique : de quoi la géopolitique est-elle le nom ?. Il a rédigé la partie 2, la chronologie et le glossaire du présent ouvrage et a contribué au chapitre sur les Amériques.

Les collègues suivants ont co-rédigé l’ouvrage :

  • Sébastien Bertrand, professeur en CPGE aux lycées Janson-de-Sailly et Chaptal (Paris). [Méthodologie]
  • Gérard Clément, professeur en CPGE au lycée Montaigne (Bordeaux). [Chapitre sur l’Europe]
  • Franck Favier, professeur en CPGE au lycée Janson-de-Sailly (Paris). [Chapitre sur les Amériques]
  • Johanne Favre, professeur en CPGE au lycée Roosevelt (Reims). [Chapitres sur l’Afrique et les Amériques]
  • Erwan Le Goff, professeur en CPGE au lycée Ernest-Renan (Saint-Brieuc). [Chapitre sur l’Asie]
  • Mathieu Lours, professeur en CPGE au lycée Léon-Blum (Créteil) et enseignant à l’université de Cergy-Pontoise. [Chapitre sur le Moyen-Orient]
  • Charles Ridel, professeur en CPGE au lycée Lakanal (Sceaux). [partie 1 et chapitre sur les Amériques]

 

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Voici la quatrième de couverture :

Le monde dans sa totalité, du début du XXe siècle à nos jours. Aussi vaste que stimulant, le programme d’Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain professe une ambition à la hauteur de son sujet : rendre compte de l’ensemble des enjeux géopolitiques du monde actuel.

Parce que la réussite dans une pareille matière est autant affaire de savoirs que de savoir-faire, le présent ouvrage, conçu par une équipe d’enseignants en classes préparatoires chevronnés, permet d’acquérir tant les connaissances que la maîtrise des raisonnements attendus par les jurys. Au fil des deux années de classe préparatoire, il fera office de compagnon pour approfondir le cours au fur et à mesure qu’il sera traité par le professeur. À l’approche des concours, il servira à revoir le programme d’une seule traite.

Structuré de manière à suivre exactement l’ordre du programme, ce manuel comprend :

– un cours clairement organisé et nourri de nombreux exemples actualisés ;

– une chronologie qui met en perspective les différentes aires géographiques ;

– un glossaire détaillé ;

– une méthodologie explicite s’appuyant sur des conseils concrets ;

– des sujets corrigés ;

– des bibliographies thématiques et commentées.

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Il est inutile de faire la synthèse d’un contenu de 700 pages, dont chacun de nos collègues connaît l’essentiel pour l’avoir largement pratiqué. C’est un manuel, pas un livre à thèse. L’important est donc de savoir si l’engagement est tenu.

Après un avant-propos destiné à guider les élèves dans leur préparation de l’épreuve d’HGGMC aux concours – dans lequel, il faut le saluer, les auteurs donnent très sportivement des références d’ouvrages chez d’autres éditeurs – le livre entreprend dans une première partie d’analyser les grandes mutations du monde au XXe siècle. Disons ici tout de suite que les chapitres s’enchaînent selon l’ordre du programme officiel, et qu’il n’y a là aucune surprise particulière : tableaux géopolitiques en 1913, 1939 et 1945, guerre froide et décolonisation, construction européenne ; l’économie mondiale entre croissance, ruptures et bouleversements, de 1945 aux années 1990 ; la France de 1945 aux années 1990. La deuxième partie traite de la mondialisation contemporaine : acteurs, dynamiques, territoires ; architectures, rivalités et interdépendances ; développement durable. La troisième partie, qui correspond à la deuxième année de préparation, aborde la géodynamique continentale : Europe, Afrique subsaharienne, Moyen-Orient et Afrique du Nord, Amériques, Asie. L’ouvrage se termine avec une méthodologie de la dissertation – toujours utile, pour ne pas dire indispensable, un glossaire et une chronologie générale allant jusqu’en 2018.

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Dans le détail, le contenu de l’ouvrage souffre de peu de reproches. Le propos est très bien construit, bien détaillé et documenté. Chaque chapitre comprend de précieuses orientations bibliographiques permettant d’aller plus loin : ces orientations sont à jour et citent les principaux auteurs. S’y ajoutent régulièrement des listes de sujets d’écrit et d’oral possibles, dont certains sont corrigés. Bref, les auteurs se tirent remarquablement bien du traitement de ce programme chargé, et on ne peut que les en féliciter. Nos collègues sont d’excellents spécialistes de ce programme touffu, et cela se voit.

On pourrait formuler deux réserves sur ce manuel.

La première est au fond sans gravité. En dépit de 700 pages denses et bien écrites, l’ensemble paraît un tout petit peu juste pour servir de base de travail. Le programme est en effet si vaste que l’on est plus habitué à des dimensions quasi doubles. Deux volumes n’auraient-ils pas été préférables ? Cela aurait permis aux auteurs de s’exprimer avec davantage de liberté dans le détail et l’analyse. On objectera que les orientations bibliographiques sont là pour ça. Sans doute. Mais à raison de 25 à 40 références par chapitre, au total plus de 300, ces orientations sont-elles vraiment exploitables, même en groupes de travail ? Florian Louis répond cependant à cette critique possible dans son avant-propos : plus que l’encyclopédisme, l’épreuve d’HGGMC aux concours ECS exige des qualités de synthèse et de raisonnement. Cet ouvrage s’adresse au plus grand nombre et les auteurs ont ainsi tapé juste. Ce manuel peut ainsi servir de « compagnon », véritable outil de révision rapide pour les uns, d’approfondissement pour les autres. Donnons donc quitus à Florian Louis et à ses co-auteurs : ils ont parfaitement rempli leur mission.

Plus ennuyeux en revanche est l’aspect matériel du livre. Y a-t-il eu erreur dans la réalisation de la reliure ? Au bout de quelques manipulations – pas spécialement énergiques – les pages se décollent et il faut les replacer à chaque maniement. Inquiet, votre serviteur est allé voir sur un site bien connu de librairie en ligne : deux commentaires rageurs confirment mes doutes de façon peu amène. Il faut donc espérer que les multiples qualités de cet ouvrage et le talent de synthèse et d’analyse des auteurs, dont nous saluons l’expertise, puissent être mieux mis en valeur lors d’une réimpression améliorée que l’utilité de ce travail rendra – nous l’espérons – rapidement nécessaire.

Christophe CLAVEL

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