L’auteur, féru d’histoire médiévale, auteur d’une biographie de T. E. Lawrence, en 2010, retrace la vie de Jeanne d’Arc, dans cet ouvrage. Il ne cherche pas à améliorer l’historiographie concernant cette figure de l’Histoire de France mais à raconter la « geste » de Jeanne d’Arc à travers des sources de première main, des historiens et des éventuelles hypothèses la concernant.Dans un préambule, François Sarindar-Fontaine dresse le décor de la guerre de Cent Ans avant l’arrivée de Jeanne d’Arc. Il souhaite percevoir la véritable Jeanne sous la légende, sous les récits des personnes qui prennent Jeanne comme une icône nationale ou du patriotisme français, notion qui n’existait pas encore à l’époque. Loin d’être une hagiographie, il veut montrer les faits, son action à travers les récits, les ouvrages sans prendre parti. C’est essayer de faire un travail d’historien.1e partie : l’Appel
Tout d’abord, les premières années de Jeanne d’Arc, dite la Pucelle, sont retracées et ses origines, sa naissance sont analysées. Les thèses des « Bâtardisants », dixit l’auteur, qui pensent que Jeanne est la fille naturelle d’Isabeau de Bavière et de Louis d’Orléans, sont confrontées avec les sources d’époque. Il combat ces thèses par l’argumentation. François Sarindar-Fontaine mène l’enquête. Puis, le parcours de Jeanne entre Vaucouleurs et Chinon est détaillé même si ces hypothèses peuvent s’opposer à celles de certaines historiennes telles que Colette Beaune, médiéviste et spécialiste de Jeanne d’Arc. Enfin, il relate les différentes étapes de Jeanne d’Arc jusqu’à sa rencontre avec le Dauphin Charles, selon les dires et les textes de l’époque. Il remet dans le contexte cette rencontre, analyse les différents acteurs présents et importants, leurs rôles dans cette rencontre.

2e partie : D’Orléans à Reims, les jours glorieux
François Sarindar-Fontaine décrit le siège d’Orléans en 1428, le contexte avant l’arrivée de Jeanne d’Arc. Est-elle déjà un instrument de propagande ? Il se demande si elle est une héroïne ou une simple « mascotte ». Il se base sur les témoignages de l’époque pour savoir quels sont les exploits réellement attribuables à Jeanne ou ceux qui ont été rajoutés pour lui conférer une importante supérieure à la réalité. Tel un détective, il décortique les différents passages dans lesquels Jeanne est représentée comme la nouvelle Déborah, une Déborah en arme ; replace Jeanne dans un contexte plus large dans lequel des femmes ont déjà eu des rôles importants dans des guerres telles que Jeanne de Flandre (1295-1374), femme de Jean de Montfort, qui a organisé la défense de Hennebont contre Charles de Blois ou les porteuses de bannières flamandes (Marie Jetrud, Marie Trisse). Les jours glorieux sont ceux de la campagne éclair de de Jeanne durant l’année 1429. Après la bataille de Patay, le 18 juin 1429, l’opinion au sein du camp français change et Jeanne parvient à accompagner Charles à Reims pour son sacre. Cependant, la relation entre un roi, voulant renouer avec Philippe le Bon, fils de Jean Sans Peur, plus tourné vers la diplomatie, et Jeanne, cherchant à reprendre militairement les territoires pris par les Anglais, semble se dégrader et même se creuse, ce qui s’explique par la différence de vues de ces deux personnages historiques.

3e partie : Seule
Charles VII a voulu renouer avec Philippe le Bon et a utilisé Jeanne comme d’un « moyen de persuasion psychologique auprès des populations par la seule idée qu’elle pouvait donner la victoire à l’armée du roi ». Il a souhaité que cela se fasse aussi pour la prise de Paris. Charles VII récupère Paris dans un contexte qui lui a été favorable. Jeanne ne semble déjà plu être une priorité pour le roi de France. Dans un épilogue, l’auteur trace les derniers moments de Jeanne d’Arc après sa capture et s’interroge sur les hypothèses de sa possible survie.

Pour conclure, ce livre est un travail entre vulgarisation et érudition, alliant à la fois une bibliographie structurée et imposante, recherche personnelle et une écriture fluide mais digne des journalistes d’investigation. L’auteur a voulu, à travers cet ouvrage, écrire une « somme », non seulement, sur la vie de Jeanne d’Arc, confrontant les sources contemporaines, les ouvrages postérieurs et le travail des historiens ; mais aussi, sur les relations entre Jeanne et le roi Charles VII.