Avec la voix de Jacques Perrin qui commente ces bandes d’archives empreintes des préjugés de l’époque, le spectateur découvre la geste de ces soldats de l’Empire, de ces tirailleurs sénégalais qui ont combattu sur tou sles champs de bataille de la France. Quelques vétérans dont le témoignage a été très utilement recueilli viennent illustrer ce documentaire qui s’achève sur la présentation de la mise à niveau des pensions des troupes d’outre mer, avec celle de leurs frères d’arme français. Le film Indigènes a sans doute joué son rôle en sensibilisant Jacques Chirac à cette question avant qu’il ne quitte l’Élysée.
Le film ne se limite donc pas à une simple évocation, et les réalisateurs n’évitent aucune question, même les plus sensibles comme les révoltes de soldats coloniaux ou leur non-participation aux mutineries de 1917.
Ont-ils été considérés comme de la chair à canon par des officiers peux soucieux d’économiser le sang de leurs hommes ? Ni plus ni moins que celui des corréziens ou des languedociens pas plus que des picards. …
la création des troupes coloniales est la traduction militaire de la formation de l’Empire français qui n’est pas véritablement une colonisation de peuplement. Devant les difficultés de recrutement dans les populations européennes installées outre mer, l’État major a décidé de puiser dans ce vivier considéré comme inépuisable des peuples d’outre mer.
Cela a eu comme conséquence, avec la création de l’infanterie de marine en 1857, la formation tout au long du XIX e siècle de régiments de tirailleurs, spahis et zouaves qui ont accompagné les armées françaises sur tous les champs de bataille pendant la troisième et de la quatrième république.
Les documents d’archive mettent l’accent sur leur intégration, au delà de leurs ethnies d’origine, de ces hommes dans l’armée française. On mesure également, même si ce n’était pas le but initial des fils d’actualité de l’époque, le faible nombre de sous officiers, sans parler des officiers «de couleur» dans cette armée.
Très clairement, la troupe, même alphabétisée, est considérée comme une «force» opérationnelle, commode pour remplir toutes sortes de missions de surveillance et de contrôle dans toutes les possessions de l’Empire. Ce sont quand même ces soldats, engagés dans les deux guerre mondiale qui apportent, à leur corps défendant, une contribution majeure à l’effort de guerre de la France.
Certaines images sont saisissantes, comme ces soldats noirs embrassés par des femmes blanches sur des quais de gare, ou ces alsaciennes en coiffe, qui viennent accueillir leurs libérateurs en chéchia en 1918.
Le professeur d’histoire pourra donc très largement puiser matière à réflexion dans cette force noire. L’actuel programme de première ES et L, le programme de terminale S, comporte une partie sur la colonisation que l’on pourra très largement illustrer avec ce document. Dans le cadre des futurs programmes de première Cette remarque ne saurait préjuger de la part de l’auteur de ces lignes d’une quelconque acceptation de la mesure qui consiste à limiter à une présentation du monde de 1989 à nos jours le programme d’histoire de terminale, cette dimension devrait encore figurer.
Au delà de ces préoccupations de programmes, ce document d’une grande richesse, devrait nourrir la réflexion des élèves sur le rôle de la France et de la colonisation dont l’impact sur les populations n’a pas été négligeable. Il ne se limite évidemment pas à l’armée, même si cette institution a été un très puissant outil d’intégration, ce qui n’est pas la moindre de ses qualités. Les réalisations de l’ECPAD, permettent d’en rendre compte en disposant de documents souvent rares, et de ce fait sauvés de l’oubli.
Au delà du devoir de mémoire dont l’abus peut se révéler contreproductif, c’est bien la connaissance de l’histoire que ce film vient enrichir.
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