Casterman republie dans une collection intitulée « Les indispensables » le livre de Colette Vivier « La maison des quatre vents ». Cette republication est singulière puisque l’ouvrage est édité pour la première fois en 1945.
Un roman qui a une longue histoire
L’auteur Colette Vivier avait déjà écrit pour la jeunesse avant la guerre, et elle poursuivit d’ailleurs sa carrière ensuite. Elle est présentée comme une « figure de la modernisation du roman pour la jeunesse ». Il est précisé, en amont du livre, que le texte proposé ici, est celui revu et corrigé par André Duval, le fils de l’auteur en 1991. On ne sait pas exactement en quoi consiste cette reprise. L’ouvrage est illustré par Serge Bloch, mais de façon très légère. Le livre raconte le quotidien d’un immeuble entre 1943 et la fin de la guerre. En un peu plus de 200 pages, Colette Vivier donne à voir le quotidien d’enfants pendant la guerre. Le livre est conseillé à partir de 10 ans.
Un immeuble comme un petit monde
Madame Sellier élève seule ses enfants car son mari est prisonnier en Allemagne. Il y a Norette, la petite fille, et Michel, le personnage principal, un enfant d’une dizaine d’années. La famille est donc confrontée aux réalités de la guerre. Ils habitent un immeuble où on trouve également les Moscot, qui ont abrégé leur nom, pour que leur judéité ne soit pas reconnue. Georges, leur fils, est un des grands copains de Michel. Tous les deux jouent à la résistance en rédigeant des tracts. L’auteur ne dresse pas qu’un portrait monochrome de la France, car l’immeuble abrite aussi les Gourre, collaborateurs notoires. Leurs enfants sont à l’unisson de leurs parents. On découvre aussi au fil de l’aventure des voisines et d’autres protagonistes. Il y a aussi Solange, petite fille de passage, très inquiète pour le grand frère Alain, le résistant.
Un jour, la réalité les rattrape
Celui-ci revient d’ailleurs voir sa sœur au moment des fêtes de Noël, mais il a été, semble-t-il, dénoncé. Il doit se cacher dans l’immeuble alors qu’il doit transmettre des informations à d’autres résistants. Un voisin est d’ailleurs arrêté par erreur. Heureusement, Michel est là et voilà le garçon embarqué dans l’aventure de la résistance. Les personnages sont attachants et l’on suit les hésitations et les angoisses de l’enfant face aux missions qui lui sont confiées. Il rencontre alors un résistant qu’il idéalise, Daniel, peut-être un père provisoire… Il se trouve d’ailleurs déconfit quand on ne lui demande plus rien. La résistance, et c’est bien vu, ce n’est pas une activité à plein temps, surtout pour un passeur d’informations.
Des notations sur le quotidien de la guerre
A plusieurs reprises, le livre aborde des situations concrètes de la guerre. Le déroulement de l’histoire évoque, on l’a dit, les réseaux de résistance. Michel est d’ailleurs arrêté à un moment et se trouve seul face à un soldat allemand. Il y a aussi la queue qu’il faut faire avec les tickets de rationnement pour essayer d’obtenir de la nourriture. On découvre aussi une alerte qui conduit les gens de l’immeuble à se mettre à l’abri à la cave. On voit enfin l’idée de délation avec l’arrestation programmée, mais qui échoue, d’Alain le résistant. D’autres auront moins de chance que lui. A la fin du roman, la grande histoire rejoint la petite avec l’annonce du débarquement du 6 juin et l’avancée des troupes alliées sur Paris. L’auteur évoque également les combats de rues en restituant les incertitudes.
Au total, voici un roman qui se lit avec facilité, qui n’offre pas une vision manichéenne de la réalité de la France en guerre. Les aventures sont prenantes et les situations plausibles. D’autres histoires s’entremêlent et vivifient l’histoire. Il donne en tout cas envie de découvrir d’autres livres de l’auteur.
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