31e tome de la série mais toujours une fraîcheur et une cohérence qui nous connectent illico à ce monde hybride, entre 20e siècle So British et technologies avancées. Ici, c’est la question de l’énergie qui préoccupe Yves Sente, combinée à L’énigme de l’Atlantide (tome 7, 1956).

Cette suite de l’album de 1956 surfe sur un suspense habilement échafaudé et savamment entretenu par le texte très dense de Y. Sente, que ce soit par le surprenant malaise cardiaque de Mortimer qui ouvre l’épisode (page 4) ou par le compte à rebours final au cours duquel se joue le retour sur Terre de Blake, Mortimer et Olrik.  Ce riche scénario propulse la BD au statut de demi-roman.

Des enjeux éminemment actuels

L’intrigue gravite autour de la démocratie (gouverner les Atlantes…), de l’information, du développement durable (la géothermie) ou des menaces, qu’elles soient environnementale (magnifiquement illustrée en page p 18), extra-terrestre ou russe. Sujets très contemporains et déjà portés jadis par L’énigme de l’Atlantide et qui nous rappellent les visions géopolitiques de E.P Jacobs au cœur de la Guerre froide qui a vu naître la série. Ceci, même si tout part du point suivant, assez anodin : Mortimer doit produire un rapport officiel sur l‘approvisionnement de son pays, l’Écosse, en énergie.

Entre Doggerland et Nouvelle Atlantide

Côté lieux, on retrouve évidemment Londres, mais une bonne partie de l’histoire se déroule en Écosse, dans le pittoresque port de Mortapple, également en mer du Nord (dans le Doggerland immergé), enfin sur la Nouvelle Atlantide, seconde patrie des Atlantes depuis la fin de L’énigme de l’Atlantide.

Pas de Blake & Mortimer sans son lexique

L’album comporte évidemment sa cohorte de machines, de bêtes et de noms étonnants : le basileus atlante (soit le roi), le Doggerland (terme géologique désignant l’étendue anciennement émergée reliant la Grande-Bretagne à l’Europe), les phulos (gardes atlantes) et leur phulacontarque, le capitaine des gardes, aussi dénommé Contarkos (on dirait du Kobaïen), les ôros, petits objets de de télécommunication du type montre connectée, l’orichalque, ce métal légendaire objet de toutes les convoitises, au cœur de la Missi blaka orichalqui (la mission spéciale orichalque), condition énergétique à la survie de la civilisation atlante désormais extra-terrestre ; le mégalodos, monstre aquatique, voisin du hiératos, gigantesque rapace.

Le trait de Von Dongen est impeccable, irréprochable pour les puristes. Davantage d’audace dans la mise en page serait quelquefois bienvenue, en privilégiant par exemple de plus grands formats. La page 18 donne un aperçu de cette éventualité.

En tout cas, ce 19e opus des repreneurs de la série constitue une fort belle livraison, sans doute l’une des plus abouties depuis la disparition du maître belge. Le prochain épisode L’héritier de l’Île de Man (titre provisoire) est en cours de production avec Yves Sente à la baguette narrative et Teun Berserik au dessin. Impatience quand tu nous tiens …