A partir de trois exemples en zone de moyenne montagne les auteurs montrent l’intérêt de la démarche d' »atelier » pour le développement local et les conditions d’un nouveau partenariat État / collectivités locales. les trois régions choisies ont en commun à la fois un déclin des activités traditionnelles, un choix du tourisme mis en question, aujourd’hui, par le réchauffement climatique.

La réflexion porte sur la planification, la réalisation d’intercommunalités efficaces en termes de développement local, d’emploi, de gestion de l’espace; elle ouvre des pistes pour l’aménagement du territoire entre enjeux, freins et espoirs dans des projets qui tentent d’équilibrer l’économique, le social et l’environnemental.

Un bon support pour une étude de cas ou des pistes méthodologiques pour l’étude de la région des élèves.

L’objectif de la démarche expérimentée et décrite vise à changer la posture des acteurs de terrain pour élaborer conjointement un projet de territoire, croisant des approches pluridisciplinaires (urbanisme, agriculture, économie, réseaux, environnement…). C’est l’ « atelier montagne » travaillé depuis 2008 qui est l’objet de ce livre. On y trouve à la fois des interviews d’acteurs, l’explicitation de leur travail par l’équipe du projet ainsi que nombre de documents iconographiques : photos, cartes, croquis dont on peut regretter la taille qui en rend difficile l’exploitation en classe.

L’atelier national est une demande ministérielle dont la genèse est explicitée. L’idée centrale : comment passer de la planification nationale de l’aménagement du territoire à une action multipartenariale dans le cadre de la décentralisation. Comment instaurer de nouvelles méthodes de travail pour l’État comme pour les collectivités territoriales à partir du regard neuf d’une équipe pluridisciplinaire d’experts privés. Soit une approche multiscalaire alliant dynamiques globales et contexte local. La méthode est détaillée, une même démarche pour trois territoires de moyenne montagne.

Les vallées des Gaves

Premier exemple pyrénéen, la présentation classique d’un territoire: relief abrupt fermé, circulation difficile, rapide historique économique et culturel est agrémentée de photos, cartes et croquis. Les délimitations du périmètre du projet passe par un travail sur les enjeux locaux et la recherche d’une cohérence du territoire. A partir d’un diagnostique partagé peut s’élaborer une stratégie commune avec trois niveaux: basse vallée, haut pays, vallées glaciaires (ex Gavarnie).
Les axes du consensus sont dégagées autour des enjeux en matière de transport (trouver une alternative à la voiture), d’emploi (atténuer la précarité des saisonniers du tourisme et du thermalisme), de zones d’activité (mutualiser plutôt que grignoter de nouveaux espaces agricoles) mais aussi autour des activités: projet d’agropastoralisme, vers une gestion solidaire des équipements touristiques. Le but est de faire naître une nouvelle gouvernance plus collective: des projets à un projet de territoire. La feuille de route est détaillée pour créer un pôle d’excellence rurale.

La communauté de communes du Haut-Allier

Aux confins de la Lozère, l’Ardèche et la Haute-Loire et donc de trois régions: Languedoc-Roussillon, Rhône-Alpes et Auvergne c’est un plateau autour de Langogne qui fut prospère au XVIIIème s., lieu d’échanges de produits agricoles et textiles, et connaît une forte baisse démographique loin des grands axes de communication.
Le travail a d’abord porté sur une infrastructure: le lac réservoir de Naussac en partant de l’écoute des élus pour chercher des appuis pour un développement entropique et une dynamique sur le long terme. Il était nécessaire d’aller vers la perception et la définition d’un destin commun pour une intercommunalité à bâtir: lutte contre la dépris agricole, concilier agriculture et tourisme mettant en valeur le paysage, limiter le pavillonnaire et concentrer l’urbanisation sur la ville, redynamiser la filière bois et l’usage du chemin de fer. En définitive définir un projet global et des outils comme un PLUI à valeur de SCOT.

La communauté de commune des Rousses

Le troisième exemple porte sur un territoire frontalier du Jura qui doit à sa situation une certaine richesse (travailleurs frontaliers, tourisme, industrie de la lunette) qui peut expliquer l’accueil réservé des élus locaux vis-à-vis de la démarche de l’atelier d’autant que le premier sujet porte sur la question de l’urbanisation. Les autres sujets travaillés sont le projet forestier; le maintien de l’agriculture, le développement touristique autour du ski nordique. L’accent est mis sur la nécessité d’un projet cohérent (mutualisation plutôt que rivalités communales) d’une urbanisation aux rousses avec des liaisons entre les villages et les zones d’emploi. La solution passe par un accord avant toute concrétisation de projet, une spatialisation pensée et acceptée.

La conclusion pose la question du caractère reproductible de la démarche.

Une plongée dans l’aménagement d’un territoire, ses agents de l’État, ses élus pour un pari sur l’avenir, à la vois concrète , vivante et très intéressante.

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