Découvrir l’archéologie, ses méthodes, ses métiers : voici en quelques mots le contenu du livre de David Louyot, docteur en histoire et archéologue à l’INRAP. Il est déjà l’auteur de « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les Gaulois sans jamais oser le demander à Astérix ».

Archéologie, mode d’emploi

Comme dans chaque ouvrage de la collection, il existe au début du livre un mode d’emploi pour pouvoir se repérer ensuite facilement dans l’ouvrage. On trouvera donc dans chaque double-page un texte introductif, le contenu principal, mais aussi la légende des documents et des encadrés sur des points particuliers. Soulignons également le souci de la chronologie qui fait qu’une frise court au bas de chaque page et apporte du contexte. Il existe huit pictogrammes sur la frise qui permettent tout de suite d’identifier s’il s’agit, par exemple, d’informations liées à la découverte, aux fouilles, ou aux sciences et techniques. Des renvois existent depuis la frise dans le cas où l’exemple est développé ailleurs dans le livre.
Le parti-pris de l’ouvrage est également de proposer des représentations sous forme de dessins. Un index et un lexique complètent l’ensemble. On trouve aussi un planisphère des découvertes, avec la référence des pages où le site est traité dans le livre.
Un dvd accompagne le livre comme à chaque fois. Il s’agit ici d’un reportage issu de l’émission « Des racines et des ailes » et consacré à Arles. Sur une durée de 52 minutes, est proposé un récit de la découverte de la tête en pierre de Jules César à l’été 2007. C’est donc l’occasion, au-delà des effets de mise en scène, d’évoquer les méthodes de l’archéologie sous-marine. A trois reprises dans le reportage, on trouve d’intéressantes restitutions sous forme de croquis animés pour essayer de restituer la réalité de la cité à l’époque romaine.

Une archéologie vivante

Le livre commence par deux cas très récents, dont un peu connu, histoire d’appâter le lecteur et c’est pleinement réussi. Le site de Göbekli Tepe en Turquie est d’ailleurs en cours d’interprétation, façon habile de montrer une discipline toujours très active. Une autre double-page traite d’un cas plus médiatisé, à savoir celui d’une tombe collective à Rome.
Si la discipline est bien vivante, elle possède une longue histoire qui est ensuite racontée. Le livre aborde des repères classiques indispensables comme la découverte du groupe du Laocoon au XVIème siècle. De par son histoire, l’archéologie a pu parfois se transformer en enjeu politique. David Louyot évoque ainsi la part des archéologues liés au régime nazi, réalité dont témoigne aussi le livre récent de Laurent Olivier pour les plus grands. La qualité de l’ouvrage tient aussi en ce qu’il évoque des cas récents très sensibles comme la question de l’archéologie entre la Palestine et Israël.

Donner à voir l’archéologie et ses résultats

Les enfants apprécient la mise en page et en images de l’ouvrage. La page 28 détaille ainsi de façon très agréable les outils de l’archéologue avec la truelle, la pelle, le tamis ou d’autres moins connus, comme la rasette qui permet de nettoyer proprement une surface à plat. Armé de tout cela, l’archéologue peut entamer son travail sur le chantier comme le montre le dessin de la page 32 et 33. On pourra continuer le parcours, toujours en dessin, avec la page 36 qui aborde la question de la datation. Entre chacune de ces doubles pages, on trouve de très utiles informations. Mais les dessins ne suffisent plus forcément aujourd’hui pour mieux comprendre les sociétés du passé et le livre s’intéresse ensuite aux apports de l’archéologie virtuelle. Est évoqué ici le cas de l’archéologie égyptienne avec le programme « Kheops renaissance » qui permet de découvrir la construction de la grande pyramide et de revivre les funérailles du pharaon Khéops.

Champs de recherches : une archéologie multiple

David Louyot détaille ensuite un certain nombre de champs d’étude de l’archéologue, qu’il s’agisse des sujets traités ou des milieux explorés. Ainsi, il parle des hommes, des tourbières, des momies, en mêlant découvertes et méthodes.
Sur les supports, il propose une page plus classique sur les céramiques, mais cet alignement page 44 se révèle aussi très parlant pour montrer comment une technique a été déclinée selon les époques et les civilisations. A ce propos d’ailleurs, il élargit bien la focale en soulignant qu’âge du bronze et du fer connaissent des différences de datation selon les lieux. Le livre aborde des aspects moins connus comme l’approche des animaux anciens page 48.

L’ouvrage se conclut par trois doubles pages très différentes. Dans l’une d’elles, l’auteur prend le temps d’évoquer quelques bourdes de l’archéologie comme cette trace dans la pierre, censée être celle d’un homme témoin du Déluge selon Sceuchzer, et qui s’avéra être en réalité celle d’une salamandre géante ! Ensuite, la question de la sauvegarde du patrimoine et des organismes qui s’en occupent est abordée ainsi que les défis qui se posent à l’archéologie comme l’archéologie environnementale

C’est réellement un ouvrage de qualité qui est proposé aux enfants, et les adultes prendront plaisir également à le lire. Par petites touches, il soulève des questions qui dépassent le simple émerveillement classique des enfants pour l’archéologie.

© Jean-Pierre Costille, avec l’aide de Clara, Clionautes