Le module Chronologie présente deux films : un exposé des origines de la guerre, et une histoire générale du conflit réalisée par Edouard Brulley en 1957, dont la facture conventionnelle risque probablement de sembler vieillotte aux sensibilités d’aujourd’hui. S’y ajoutent une rubrique Dates clés, formée de courtes animations cartographiques consacrées à des épisodes militaires marquants du conflit, et un dossier de cinq sujets consacrés à l’année 1918, dont émerge en particulier une bonne synthèse évoquant le bilan et les conséquences du conflit.
Le module Lieux de guerre se compose d’une séquence très réussie d’une durée de 9 mn consacrée à la bataille de Verdun, d’un film plus décousu sur Paris bombardé, et d’un florilège de douze photographies du front.
Le chapitre sur les Acteurs réunit un docufiction sentimentaliste (que d’aucuns pourront trouver irritant) interprété par de consciencieux amateurs en costumes, une sélection de témoignages (les souvenirs d’un ancien combattant centenaire filmé en 1994 et six extraits d’un film commémoratif de 1964), ainsi que deux court-métrages biographiques consacrés respectivement au général Estienne (trame d’une bonne évocation de la naissance des chars d’assaut) et à Georges Clemenceau.
Le module Des sociétés bouleversées ? est tourné vers les enjeux de l’arrière. On y retrouve à nouveau le bon film sur le monde après 1918 déjà inséré dans la Chronologie. En complément, deux petits documentaires brossent avec efficacité un tableau général de l’économie de guerre et une étude de cas sur la firme Renault. Intitulée Vers la libération des femmes, une dernière séquence, assez superficielle, s’avère principalement axée (peut-être par métaphore ?) sur les évolutions de la mode depuis l’ère des corsets jusqu’au temps des garçonnes.
Enfin, le module Représentations et analyses se décline joliment en quatre parties. Regards d’artistes propose l’étude d’un tableau représentant la signature du traité de Versailles et une belle séquence, hélas peut-être trop hermétique pour un public scolaire, associant la récitation de textes de Céline à la vision d’œuvres de l’expressionniste allemand Otto Dix. Regards d’historiens présente trois courts entretiens thématiques avec Antoine Prost et Stéphane Audouin-Rouzeau. Regards sur des archives est une initiation, en 5 mn, à l’analyse critique des films, le cinéma de guerre de 1914-1918 étant presque exclusivement fait de fictions et de reconstitutions. Regards de pierre montre une sélection éclectique de photographies de nécropoles et monuments aux morts. La plupart des éléments de ce chapitre ont donc été conçus afin de se prêter à une exploitation sous l’angle de l’Histoire de l’art.
Manifestement contingenté par des contraintes de droits, le contenu de ce DVD est en définitive inégal mais varié. Une partie du panel des films présentés est ancien, et tend de ce fait à véhiculer un discours historiographiquement daté. Leur richesse documentaire peut parfois sembler d’un intérêt nettement plus illustratif qu’informatif. Les séquences récentes retenues ou composées pour cette édition échappent toutefois à ces réserves. En outre, le DVD est pourvu d’un copieux livret pédagogique d’accompagnement de quarante pages, dont le contenu est riche : présentation générale, chronologie détaillée, analyses contextualisée des séquences et photographies, fiches pédagogiques de travail avec les élèves (questionnaires avec corrigé sur trois des thèmes : les origines de la guerre, Renault, et la signature du traité de Versailles ; suggestions de mise en activité sur Paris bombardé et le témoignage de l’ancien combattant centenaire), transcription des propos d’Antoine Prost et Stéphane Audouin-Rouzeau, bibliographie, filmographie et liens internet.
On peut donc piocher à sa guise dans cette abondante boite à outil conçue spécifiquement pour la classe. Il en résulte un instrument de vulgarisation utile qui rendra indéniablement service dans l’enseignement des programmes du second cycle, et que l’on peut légitimement souhaiter voir figurer, à ce titre, parmi les ressources documentaires des établissements scolaires.
Guillaume Lévêque © Clionautes.