Cette dernière livraison de la documentation photographique en histoire est particulièrement riche. Réalisé par deux auteurs intervenant en Suisse, ce dossier de la Doc. Photo avec laquelle tous les professeurs sont familiers, propose des documents largement nouveaux et inédits qui apportent un éclairage différent de l’histoire économique que l’on enseignée ou que l’on a soi-même subie il y a quelques décennies.
Pour autant, cette histoire économique en apparence ardue, a su se rendre « sexy » pour reprendre l’inspection d’un inspecteur général lors des rencontres de Blois consacrées à l’argent.
La première partie est consacrée traditionnellement à « un point sur » intellectuellement stimulant.

la première question qui est ainsi posée est consacrée à différentes visions du processus. Des visions contemporaines, celle d’Adam Smith faisant référence, à celles de Marx jusqu’à Rostow. Les trois premiers auteurs insistaient sur le processus en cours qui était le plus surprenant pour les contemporains, à savoir le machinisme. Là où Adam Smith voit dans le développement des machines une des conséquences des guerres avec la raréfaction de la main d’œuvre rendant le process inéluctable avec comme variable d’ajustement le chômage technologique, Marx envisage le problème autrement en notant que le développement du machinisme se traduit par une surexploitation du travail par le Capital.
Plus tardivement, Shumpeter et Rostow, avec la théorie de l’accumulation primitive se distinguent en quantifiant le processus. Paul Bairoch pour sa part à envisagé le préalable de la révolution agricole, la révolution du navet et le mouvement des enclosures dégageant la main d’œuvre agricole pour la livrer à l’industrie naissante. Les continuateurs d’Adam Smith ont vu dans les guerres napoléoniennes et leurs conséquences sur la main d’œuvre la confirmation des intuitions du maître.

Après la seconde guerre mondiale, les approches sont de nature différente. plus quantitative grâce à l’utilisation de séries statistiques et de la convergence avec les travaux des économistes, elles se sont faites les échos de préoccupations actuelles. La maîtrise technique n’est plus vraiment un problème en dehors des industries de pointe mais ce sont les marchés qui commandent.
Ce processus que l’on découvre depuis quelques temps sous le nom de mondialisation est en réalité contemporain de la révolution industrielle. Dès la naissance de l’industrie, parfois même de la proto-idustrie la question des marchés à l’export était posée… Para ailleurs l’industrialisation permet aussi d’étendre le marché en rendant les produits de luxe plus accessibles. les produits de série sont des copies des objets de luxe et les classes moyennes, puis populaires peuvent y accéder.
Ici aussi grâce au développement des marchés américains, le commerce extérieur des pays du Nord ouest européen se développe plus vite que le commerce intérieur. On le voit ce ‘est pas très différent finalement du processus que l’Asie orientale connaît, ainsi que celui des pays émergents, avec là aussi l’émergence d’une classe moyenne consommatrice de produits industriels locaux et de produits importés.
On ne reviendra pas sur le débat autour du terme de révolution industrielle que les auteurs envisagent plutôt comme une succession de mutations progressives et non pas révolutionnaires. On évoquera alors la substitution du coke au charbon de bois en 1709, la presse à vapeutr pour imprimer le times et bien entendu le filage et le tissage du coton. Chauqe grand pays industriel du Nord Ouest européen développe ses voies nationales vers l’industrialisation mais comem le disait Marx en suivant le modèle de développement britannique. En réalité le voie britannique, ne serait-ce qu’en raison de l’insularité est bien spécifique.

Les thèmes abordés dans le dossier sont évidemment très complets. On y trouvera la proto industrie avec les Indiennes, e développement du commerce de masse, la révolte des briseurs de machines et l’apparition du chômage technologique, et bien entendu les grandes success story de l’industrie avec les Krupp.
Très intéressant également le thème consacré aux bâtiments et travaux publics, et les constructions de locomotives avec l’entreprise Borsig de Berlin en 1848.
Des documents rares permettent également de présenter la structuration de l’espace par les chemins de fer, le financement de l’industrie avec des actions et la division internationale du travail.

Le dossier de transparents reprend en partie des documents contenus dans la première partie pour une exploitation en classe. On appréciera parmi les sujets plus connus sur le textile le troisième thème faisant intervenir les espaces de l’industrie et la ville industrielle permettant de décrire et d’analyser les documents suivants. L’usine de locomotives Borsig en 1848, l’usine Krupp à Essen en 1865, la ville de Berlin , des caricatures sur les migrations et la fabrique de drap de Sedan.
A partir de cet ensemble documentaire on pourra organiser une réponse argumentée à la problématique suivante: En quoi la première industrialisation entraîne -t-elle une mutation des espaces ?
Le plan permet de passer de la concentration géographique à l’urbanisation et à l’ouverture au monde, la mondialisation en fait.

Au final ce dossier est une belle réussite qui appelle toutefois une suggestion. Parmi les thèmes obligatoire des programmes d’histoire des séries STG l’industrialisation est envisagée sous l’angle de la longue durée, jusqu’aux années cinquante en fait et au début de la généralisation des sociétés de consommation dans tous les pays développés. Un dossier reprenant cette tranche chronologique serait assurément le bienvenu.

© Bruno Modica