L’IVG, la surpêche ou encore l’appétit pour les matières premières : voici quelques uns des reportages de la nouvelle livraison de La Revue Dessinée.

Accès à l’IVG

Jusqu’en 1975, 800 000 avortements clandestins avaient lieu chaque année. En 2024, le droit à l’IVG a été inscrit dans la Constitution. Cependant, des obstacles demeurent comme les déserts médicaux, la complexité des démarches ou encore le couperet des quatorze semaines. Pour montrer cela, le reportage part d’un cas de planning familial dans l’Aveyron. Constitutionnaliser c’est bien mais il faut donner les moyens de pouvoir exercer de manière libre son IVG. De plus en plus, on constate que des femmes quittent provisoirement la France pour pouvoir avorter à l’étranger. L’IVG reste encore souvent un sujet tabou. Dans l’entretien qui clôt le reportage, Raphaël Perrin qui fait des recherches sur la prise en charge de l’avortement et le pouvoir médical souligne que les patientes sont traitées différemment selon leur profil.

La condition urbaine

Ce reportage retrace l’engouement pour les pavillons et la maison individuelle. Depuis des décennies, les pouvoirs publics encouragent l’accession à la propriété. L’habitat individuel reste le principal facteur d’artificialisation. Cela génère aussi beaucoup de déplacements. L’urgence climatique pousse de nombreux acteurs de la ville à vouloir transformer les quartiers résidentiels. Une des solutions est la densification douce qui peut consister, par exemple, en la création d’une extension pour accueillir des chambres d’étudiants.

La ronde des rubriques

« La revue des cinés » se penche sur un classique du septième art à savoir 8 ½ de Fédérico Fellini. Ce film met en images le drame de l’impuissance à créer.
«  La sémantique c’est élastique » se penche sur la question des majuscules. Doit-on en mettre une à Dieu ou à Internet ? dans ce dernier cas on peut la faire disparaitre car son usage est devenu quotidien et universel comme la télévision. La question de la majuscule varie beaucoup selon les langues.
« Instantané » propose une photographie devenue iconique depuis les Jeux Olympiques de 2024. On y voit Gabriel Medina marcher véritablement sur l’eau. Prise par Jérôme Brouillet, sa photographie figure au prestigieux top 100 des photos Time de l’année.
« Face B » est consacrée à Philippe Katerine. Cet artiste protéiforme ne doit pas être réduit à sa prestation lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris en 2024. Associé à la nouvelle scène française, il est également l’auteur du tube «  Louxor j’adore ».
« Mi-temps » revient sur l’histoire des claquettes. On pense certes à Gene Kelly mais pour l’origine il faut revenir aux esclaves et aux champs de coton. C’est aussi une pratique qui a continué à évoluer après le célèbre danseur.
Un entretien avec Gilles Sioufi, professeur en langue française à la Sorbonne, est proposé. Ce dernier a signé en 2023 le manifeste «  le français va très bien, merci ». La langue suscite des débats et parfois elle véhicule des stéréotypes. Il souligne qu’on réinvente la langue en permanence et que chacun utilise d’ailleurs différents registres selon ses interlocuteurs et circonstances.

Gastronomie

Martin Fort et Fabrice Erre s’emparent d’un sujet loin d’être consensuel. Ils débusquent ainsi plusieurs idées reçues sur le patrimoine culinaire. Ainsi, l’origine des plats peut être source de tension : qui est l’inventeur par exemple du coulant au chocolat ? Certaines recettes peuvent-elles faire l’objet d’une protection par un brevet ? Aujourd’hui, la créativité et l’innovation sont centrales pour les chefs mais ça n’a pas toujours été le cas. Présentés comme traditionnels, les plats patrimoniaux ont souvent eu une histoire sinueuse et politique. Ce qui est sûr en tout cas, c’est que la cuisine c’est comme la langue : si elle est figée, elle meurt. Cela reste aussi un monde très masculin puisqu’on ne compte que 700 femmes sur les 33 000 chefs cuisiniers.

Gaza

Plus de 50 000 personnes ont été tuées depuis 2023 par Israël dont au moins 200 journalistes. Comment couvrir une guerre quand les grands reporters sont devenus des cibles ou sont interdits d’accès. Un photographe sur place, Nidal, est en lien avec un journaliste à l’extérieur. Il témoigne de son quotidien durant un temps avant d’arriver à quitter les lieux pour se rendre en Egypte.

Mal embarqués

Le reportage commence à Sète, sur l’un des plus gros marchés aux poissons de Méditerranée. Plusieurs types de bateaux existent entre les très modernes et des chaluts vieillissants. En 2024, le pêcheur interviewé a pêché 110 jours au lieu de 200. Il lui en faudrait 170 pour espérer être rentable. La parole est donnée à des chercheurs qui expriment d’autres points de vue. La question centrale aujourd’hui est celle des stocks et de leur reconstitution. Les instances représentatives de la pêche forment un véritable millefeuille qui n’a pas été exempt de scandales ces dernières années. Il existe aussi des instances peu connues comme les prud’homies qui sont un des rares restes de droit coutumier. C’est un échelon indispensable pour les petits métiers.

Matières premières

Plusieurs métaux sont stratégiques comme le lithium ou le thungstène. Ils sont importés de Chine. De son côté, la France compte sur une exploitation accrue de son sol pour retrouver sa souveraineté en ce domaine. Le reportage part d’un cas dans le Cantal. Depuis 2005, la diatomite y est exploitée. Elle sert à la filtration de produits agricoles mais aussi dans la cosmétique ou la pharmaceutique. Le marché des matières premières reste aujourd’hui dominé par quelques Etats. Une nouvelle mine est prévue en France en 2028 mais le projet suscite des oppositions. On voit la position des différents protagonistes. Dans le Cantal ou l’Allier, l’impact de l’activité extractive sur la ressource en eau alerte les élus. Il faut y ajouter la question des déchets.

Covid long

Le virus continue de circuler à bas bruit et fait encore des victimes. Le reportage dresse une série de portraits de personnes qui ont été frappées par ce qu’on appelle aujourd’hui le covid long. Julien, 46 ans, était très actif avant mais sa vie a basculé du jour au lendemain. Il a du s’arrêter de travailler et doit marcher avec une canne. Plusieurs autres cas sont montrés et tous partagent le fait de ne pas avoir été écoutés.

La Revue Dessinée fêtera son numéro 50 lors de la prochaine livraison avec des reportages annoncés sur la mixité sociale, le canal Seine-Nord ou l’angoissante question des PFAS.