Zvonimir Novak est professeur d’arts appliqués et journaliste. Spécialisé dans l’imagerie politique, il a précédemment publié « Le grand cirque électoral ». Il offre ici un panorama en grand format des affiches qui ont fleuri en France ces dernières années. L’auteur a récolté, photographié les nouvelles propagandes militantes. Cela donne lieu à un festival de créativité, marqué parfois par l’insolence ou la violence. Le constat est à la fois édifiant et alarmant. Le baromètre des fanatismes explose de toutes parts et encore plus actuellement avec les réseaux sociaux. Il faut souligner l’ampleur de la collecte et il est difficile de rendre compte du foisonnement d’images proposées.

Vers la guerre des sexes

Si l’on pense immédiatement au mouvement « Me Too », le livre a la bonne idée d’historiciser son propos. Il rappelle par exemple l’action d’Hubertine Auclert mais le chapitre offre surtout des images récentes. Il y a des mouvements extrémistes qui vont jusqu’à prôner l’éradication du patriarcat.

Sauvons les pères

Le chapitre revient sur l’époque du mariage pour tous en 2013. C’est l’occasion d’une réapparition d’une droite dure et parfois de débordements homophobes. En face, les rassemblements organisés par la gauche pour soutenir le mariage pour tous se transformèrent en plateforme festive et dansante où toutes les discriminations sexuelles sont dénoncées.

La révolution vegan

L’histoire de la cause animale n’est pas aussi récente qu’on croit. On peut remonter à 1845 avec la création de la SPA. L’auteur retrace ensuite les étapes en parlant des années 70 avec Brigitte Bardot et les années 80 avec les mouvements anti fourrures. L’idéologie antispéciste est apparue dans les années 70 aux Etats-Unis. Plus récemment on a vu se développer un parti animaliste.

L’enfer vert

Cette entrée s’intéresse au mouvement écologiste. Le ton des écologistes a été d’emblée apocalyptique. Là encore l’auteur historicise en parlant des années 70. Le Larzac est évoqué. Si l’écologie a poussé dans les terroirs, sa transformation en parti politique est un pur produit parisianiste. On revoit de nombreuses affiches avec notamment Brice Lalonde. Aujourd’hui, c’est parfois le temps des éco guerriers et des zadistes. L’auteur parle aussi du mouvement « Extinction rébellion » et on voit se développer une esthétique pop trash.

Les antifas

Zvonimir Novak parle à propos des antifas d’une « version folklorisée d’un antifascisme partisan d’un monde sans frontière et métissé ». Il évoque aussi le merchandising antifa qui est devenu un business. L’agit prop des antifas adore représenter les bastons et les tabassages.

Antisionisme et antisémitisme

On assiste au retour d’une propagande antisémite. L’auteur a reproduit des affiches et des images du début du XXème siècle. Le mouvement a resurgi depuis les années 70 et l’article évoque les figures de Dieudonné et d’Alain Soral. Il faut être prévenu de que vous allez découvrir avec certaines affiches particulièrement sordides.

L’agit prop de JMLP

Ce chapitre retrace l’ascension de Jean-Marie Le Pen, depuis la fondation du Front national en 1972. L’auteur rappelle aussi l’époque antérieure du poujadisme et insiste aussi sur les années 80 qui ont vu le parti s’installer dans le paysage politique français.

L’agit prop de JLM

Le propos de l’auteur est cash dans sa façon de présenter Jean-Luc Mélenchon. « Sa vie s’apparente à un long cours sauvage, parcouru de méandres brutaux capables d’engloutir n’importe quel homme normalement constitué ». Un peu plus loin, après avoir retracé son itinéraire, il dit que «  pour attraper à l’hameçon le populo râleur et le fonctionnaire fatigué il n’y a rien de mieux que l’insolence ». Devenu une figure incontournable, les caricaturistes s’en donnent à coeur joie sur sa personne.

Le péril jaune

Cette entrée est consacrée au mouvement des gilets jaunes. L’auteur souligne l’importance des peintres de rues et montre quelques fresques réalisées.

Les insurgés

C’est à eux que l’on doit le saccage de l’Arc de triomphe en décembre 2008 ou les pillages des magasins en marge des manifestations. Les policiers font partie également de leurs cibles.

Antiracisme, communautarisme

Le processus de fracturation commence dans les années 80 sous le prétexte de la lutte contre les discriminations. Zvonimir Novak donne à voir des affiches du mouvement des indigènes de la République. Il constate que le mitraillage visuel de la République est incessant.

En conclusion, l’auteur constate que la rue fanatique à l’ère numérique s’emballe. Il se demande comment faire taire les cris de la guerre civile. Le nombre d’affiches est vraiment impressionnant mais prévenons à nouveau le lecteur que certaines sont assez hallucinantes.