Andrej Umansky a rassemblé des témoignages d’acteurs ou de spectateurs des exécutions des Juifs dans le territoire soviétique sous occupation nazie.

 

Andrej Umansky est docteur en droit et diplômé en histoire, il est chercheur associé à l’Institut de droit pénal et de droit de la procédure pénale à l’université de Cologne en Allemagne. L’ouvrage débute par une introduction, précieuse pour contextualiser les témoignages.

Il a mené des recherches avec l’association Yahad-In Unum qui tente de localiser les fosses communes des Juifs et des Roms assassinés par les nazis en Europe de l’Est. Andrej Umansky s’intéresse alors aux témoignages sur la Shoah à l’Est et prend conscience que la population a été témoin des exécutions. Les témoignages sont issus des archives judiciaires et de natures variées (dépositions, lettres, journaux intimes). Ils permettent de reconstituer les exécutions et d’aborder l’état d’esprit des bourreaux. Chaque témoignage est précédé de l’itinéraire du bourreau ou du témoin et est copieusement annoté. Un glossaire et une liste des grades des SS, en fin d’ouvrage, facilite aussi la lecture.

Andrej Umansky classe les témoignages en trois catégories :

  •  les bourreaux
  •  les petites mains
  •  les spectateurs

Les bourreaux sont pour la plupart des SS, mais le corpus inclut aussi le témoignage d’un policier et sa participation progressive aux massacres. Chargé à l’origine de protéger les SS, les SD et les membres de la Gestapo, Richard Tögel assiste ensuite à des massacres avant d’y prendre part. La majorité des témoignages concernent des exécutions par balles, mais le témoignage de Wilhelm Findeisen, chauffeur de Reinhard Heydrich, sanctionné par un départ sur le front de l’Est, permet d’évoquer l’usage des camions à gaz.

Les petites mains ont participé à la mise à mort, de manière contrainte. Ils exercent des fonctions qui participent à l’organisation des exécutions et peuvent être contraints de mettre à mort des Juifs. C’est le cas dans le Sonderkommando 4a, dirigé par Paul Blobel, qui exige de tous ses hommes qu’ils tirent sur des Juifs, quelque soit leur fonction. Andrej Umansky a ainsi rassemblé l’interrogatoire du chauffeur de Paul Blobel, de celui du rédacteur du journal de guerre de la même unité des Einsatzgruppen, les lettres d’un policier, qui fait office de photographe pour les Einsatzgruppen et le témoignage d’un Volksdeutsch, c’est-à-dire d’un homme de langue maternelle allemande, mais qui n’a pas la nationalité allemande.

Les spectateurs permettent de prendre conscience que les exécutions avaient souvent lieu en public ou à proximité des villes et villages. Certains ont pris des photographies en cachette. Les témoins sont majoritairement des membres de la Wehrmacht ou des administratifs, mais une épouse allemande d’un Juif évoque aussi les « transferts », euphémisme allemand pour exécution des Juifs, ainsi que la disparition de son mari. Un professeur évoque une scène à laquelle les élèves de sa classe ont assisté. Le fils d’un gardien de camp témoigne aussi de la Shoah à l’Est et évoque les massacres commis par son père.

Beaucoup de ces témoignages sont utilisables en classe de 3e ou de 1re pour évoquer les Einsatzgruppen. Ils peuvent donner lieu à une analyse de document en lycée.

Résumé sur le site de l’éditeur

Introduction et témoignage de Richard Tögel

 

Jennifer Ghislain @ Les Clionautes