Cette BD en noir et blanc est née de la rencontre d’une dessinatrice de presse née à Yaoundé Annick Kambang et d’une journaliste Justine Brabant qui a déjà publié : Qu’on nous laisse combattre et la guerre finira aux éditions La Découverte en 2016 et en 2017 aux Éditions Autrement Impunité zéro,à propos de la situation des groupes armés dans l’Est de la RDC.
La BD s’ouvre sur la conférence de presse de « Lucha », un groupe d’opposants, à Kinshasa le 15 mars 2015, sévèrement réprimée par l’armée. Le mouvement « la lucha » est rapproché de mouvements similaires en Afrique : « Y-en-a-marre » au Sénégal ou « balai citoyen » au Burkina-Faso.
Deux jours plus tard à Goma1 dans l’Est du pays un homme vient réclamer la libération de militants arrêtés au Kivu.
L’auteure présente les leaders de ce mouvement de jeunes citoyens.
Puis en sept chapitres retrace l’histoire récente de ce mouvement d’opposition à Kabila.
Le premier chapitre est l’histoire d’un des fondateurs : Juvin Kombi, jeune étudiant privé d’examen, car il n’a pas réglé les frais universitaires. Frustré de sa situation de pauvreté il organise des manifestations pour les droits fondamentaux.
Mais ces gens militants sont confrontés à la situation troublée de la région orientale de la RDC, notamment la prise de la ville de Goma par les miliciens du M23. Ce qui, donne l’occasion a l’auteure de rappeler l’histoire du Kivu depuis la colonisation belge.
Le lecteur découvre ensuite les modes d’organisation non violente et sans chef et l’histoire de Micheline Mwendike, l’une des leaders féminins de « Lucha » dont l’action se concrétise à propos de l’accès à l’eau potable, l’entraide face aux inondations.
Mais une répression très violente s’abat sur les militants dans tout le pays au même moment le président Kabila cherche à se maintenir au pouvoir en dépit de la constitution.
Bukavu, Sud Kivu, février 2017, les militants de « Lucha » s’en prennent à l’évêque pour obtenir la suppression des droits d’accès à l’école : la « prime » ; ce qui permet de montrer l’incapacité de l’État à payer les salaires des enseignants. Cette lutte permet l’élargissement de la base du mouvement de contestation.
Le chapitre 6, Grandir, pose la question de l’organisation du mouvement à l’échelle du pays, de la lutte contre les pressions et les tentatives de corruption des militants, du rapprochement avec les partis politiques et des moyens d’obtenir des soutiens à l’étranger comme le reconnaissance par Amnesty International.
2016 fut une année de répression très violent au Kasaï, le chapitre 7 rapporte la mobilisation pour faire connaître les massacres de Béni (Nord Kivu) reconnu par le Haut Commissariat de l’ONU pour les Droits de l’Homme.
Enfin l’épilogue met en scène les questions que se sont posées les deux auteures : A-t-on permis de faire connaître cette lutte.
Une postface rédigée par le co-fondateur de « Y’en-a-marre » Fadel Barro resitue ce combat dans la situation plus large de l’Afrique noire : Arme à feu contre main nue, kalach contre slogan citoyen et Amnesty International complète la réflexion sur la notion d’engagement.
1Principale ville de Kivu, province situé à l’Est de la république Démocratique du Congo.