Dimitri Casali est l’auteur de cet Altermanuel d’histoire de France, ouvrage polémique de la rentrée 2011 dans le domaine de la publication historique.
C’est un historien spécialiste de Napoléon, ayant collaboré avec Jean Tulard, directeur de collection aux éditions Vuibert et présenté par son éditeur comme l’auteur de plus d’une trentaine d’ouvrages historiques.

Une charge contre les programmes.

L’ouvrage se compose d’une longue introduction développant les critiques de Casali sur les nouveaux programmes d’histoire de collège, suivi d’une succession de chapitres présentant des périodes ou des personnages selon lui injustement oubliés ou négligés par l’Éducation Nationale.
Casali critique donc fortement les nouveaux programmes de collège coupables à ses yeux d’ « oublier et de reléguer » des figures historiques nationales comme Clovis ou Louis XIV. Et parmi ces grands oubliés, le premier d’entre eux serait Napoléon Ier… Il y perçoit une peur des grands personnages, qui s’expliquerait par le règne du « politiquement correct », et qui saisirait les concepteurs des programmes du secondaire. Cet oubli s’accompagnerait d’ailleurs de celui de textes essentiels et fondateurs comme la partage de Verdun ou l’ordonnance de Villers-Cotterêts. Lui plaide au contraire pour une histoire incarnée par de grandes figures historiques ce qui permettrait de briser les mythes qui les accompagne.
Dimitri Casali reproche ensuite aux instructions officielles de pratiquer un « zapping historique », s’évadant vers des civilisations extra-européennes mal évoquées ou donnant à la traite négrière une présence exagérée.
Pour l’auteur, c’est oublier les vertus d’intégration de l’histoire de France, qui serait le «moyen d’accéder aux modes de compréhension de notre société ».
Enfin, après avoir brièvement regretté la disparition de la chronologie dans le nouveau programme de première, et s’être demandé si celle-ci serait devenue « rétrograde », il plaide pour un « cahier des charges des programmes » qui permettrait de résoudre les problèmes évoqués…

De mauvaises réponses.

Comment proposer de mauvaises réponses à de (parfois…) bonnes questions? Voilà le type de réflexion que l’on se fait lorsque l’on referme l’ouvrage de Dimitri Casali.
Cet ouvrage, soutenu de façon polémique par le Figaro magazine, traduit une vison datée et rétrograde de l’enseignement de l’histoire de France, proposée par un défenseur du « roman national ».
Voulant dénoncer ce que l’on n’enseignerait plus à l’école, cet altermanuel se concentre quasi exclusivement sur les programmes de 5ème et 4ème. Il n’y a aucune vue d’ensemble du parcours historique d’un élève de sa sixième jusqu’à sa terminale ; des notions, périodes, personnages qu’il maitrisera alors ; du bagage historique qu’il se sera alors constitué. Seuls sont évoqués les périodes (le Moyen-Age et l’époque Moderne) et les espaces (La France) appréciés par Dimitri Casali.
L’ouverture sur les mondes lointains est d’ailleurs peu évoquée, l’auteur semblant préférer qu’ils restent oubliés de nos élèves, plutôt que d’être étudiés même brièvement…
Parfois, les reproches formulés semblent teintés de malhonnêteté intellectuelle. Ainsi, des périodes supposées oubliées comme le Grand Siècle ou l’époque napoléonienne ont certes changé d’appellation ou de place dans le temps d’étude, mais elles sont toujours là, restant donc considérées comme essentielles par le ministère.
Semblant faire une fixation sur la disparition des grands hommes, Dimitri Casali démontre d’ailleurs une méconnaissance des enjeux et des attentes pédagogiques exprimées aujourd’hui dans l’enseignement de l’histoire-géographie. Ainsi, dans nos pratiques quotidiennes, il y a un retour de la biographie et de son usage, encouragé par nos inspecteurs, et valorisé lors des présentations didactiques académiques ou des épreuves de l’agrégation interne d’histoire-géographie.
Enfin, on ne peut que critiquer le peu de lignes accordé aux programmes du lycée. Pas de traces de ses lacunes et incohérences, et du peu de place accordé à l’histoire sociale, aux luttes ouvrières et à l’histoire des femmes.

Un Lavisse en couleurs

Et puis il y a la forme de l’ouvrage… Pour faire aimer l’histoire, de France ou d’ailleurs, un manuel se doit d’être beau et attirant. Or, la synthèse historique suivant le texte polémique de Casali n’est aucunement novatrice et s’apparente à un Lavisse en couleur, le tout agrémenté d’illustrations datant de la troisième république. Cet altermanuel réussit alors à faire passer le plus mauvais des manuels du secondaire pour un ouvrage historique de pointe, remarquable par la qualité et l’originalité de ses choix iconographiques..