Les éditions Gallimard jeunesse proposent un nouveau numéro de leur série « le journal d’un enfant », riche déjà d’une dizaine de titres qui parlent par exemple du Japon, de l’Inde ou encore du Brésil ou de la Russie. Ce volume est consacré aux Etats-Unis à travers la vie d’une adolescente, Vicky, habitant Pittsburgh. L’auteur, Valérie Latour-Burney, est présentée comme partageant sa vie entre les Etats-Unis et la France.
Une entrée par le quotidien

Le format de la collection est d’alterner la vie d’un personnage en le reliant à des points de culture ou de vie quotidienne du pays concerné. Un sommaire très clair précise d’ailleurs cela par deux couleurs : celle du titre du passage concernant la vie de l‘adolescente et celle du thème. Ainsi, la double page intitulée « sur la route » est une manière d’aborder la question des grands espaces et des parcs nationaux. Un petit symbole signale s’il y a un volet à soulever pour découvrir d’autres informations. Le livre commence par une double page de présentation du pays de type dictionnaire et atlas pour donner des repères indispensables. Il y a également des repères chronologiques. Lorsque c’est nécessaire, un petit lexique accompagne la double page. On trouve également une double page finale intitulée « Vivre aux Etats-Unis ».

Vicky et sa chorale

Le point de base, c’est donc le récit d’une tranche de vie de Vicky. On la suit entre ses débuts à la chorale du lycée, puis lors de la finale des comtés de l’ouest jusqu’au rêve incarné par New-York. Ce fil du récit permet d’aborder plusieurs thèmes. De septembre à mars, on suit donc les hauts et les bas que connaît Vicky. L’auteur mêle habilement la progression du récit sur l’adolescente avec des éléments de contexte social comme la crise économique. L’ouvrage ne se veut ni angélique, ni ultra critique. On n’est tout de même pas que dans le contemporain, car selon les moments de l’histoire, l’auteur aborde ou évoque les débuts du chemin de fer mais aussi Andy Warhol ou encore quelques présidents.

Ecole, religion : ce qui fait la personnalité des Etats-Unis

Parmi les thèmes attendus, il y a l’école et la religion. Sur l’école, le livre rappelle par exemple le serment au drapeau. Il évoque aussi celui que prête le nouveau président sur la Bible. Moins exceptionnelle est l’évocation des mega church qui peuvent accueillir jusqu’à 45 000 personnes !
Parmi les éléments du quotidien scolaire, signalons l’existence du yearbook, sorte de livre mémoire de l’année écoulée. Il y a aussi la question des armes, page 52, avec le portique de détecteur de métaux à l’entrée de l’école ! Le livre s’intéresse aussi au problème de l’endettement des étudiants, loin donc de ne livrer qu’une vision facile des Etats-Unis. Néanmoins, on ne verse jamais dans une vision cliché et totalement négative.

Money money money

La question de l’argent se retrouve à plusieurs reprises tout au long du récit. A la page 40 l’hôpital où travaille la mère de Vicky est menacé de fermeture et peut donc mettre en difficulté toute la famille. En effet, il faut aussi financer les études du grand frère de Vicky à l’université. Un peu plus tard, l’héroïne fait des petits boulots pour récupérer de l’argent, et c’est donc l’occasion d’aborder l’idée du culte de la réussite. Il est évoqué à travers des personnes comme J. Pemberton, l’inventeur de Coca Cola, ou H. Heinz, jeune immigré allemand, incarnation du self-made man.

Cet ouvrage est bien dosé, alternant efficacement le quotidien et la mise en perspective. Sans souligner lourdement certains traits des Etats-Unis, il permet d’en savoir plus sur ce pays, objet de clichés. En choisissant une ville qui n’est pas New York comme cadre principal, il permet d’aller peut-être plus près d’une autre Amérique. Le livre est apprécié par les enfants et ils aiment suivre sur plusieurs mois cette adolescente de 13 ans. Les pages sur les fêtes et l’école sont particulièrement appréciées. L’ouvrage délivre donc du vocabulaire sur le quotidien, le met en perspective et offre d’intéressants prolongements. Beaucoup de choses en à peine 64 pages, c’est en tout cas une pleine réussite.

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