Jean-Pierre Costille est professeur d’histoire-géographie au lycée J Haag à Besançon.
Nathan propose une nouvelle collection intitulée « Petit cours de rattrapage à l’usage des parents ». L’idée c’est de créer un ouvrage qui rassemble parents et enfants. Ici les parents initient leurs enfants aux méthodes et au raisonnement de l’archéologue.
D’un aspect extérieur agréable, l’ouvrage commence par un ensemble d’illustrations pour éveiller la curiosité du lecteur. C’est un peu dans l’esprit de la célèbre collection « Découvertes Gallimard », mais ces belles images sont associées déjà à des questionnements ou à des remarques. Par exemple les techniques de l’archéologie et l’implication actuelle de l’ordinateur. Le but affirmé est de donner envie d’aller plus loin dans la lecture.

Une première partie s’intitule : « Il était une fois l’archéologie » et a pour but de raconter une histoire de l’archéologie. L’auteur développe l’idée que pratiquer celle-ci équivaut à se livrer à une enquête policière. Le quotidien offre déjà l’occasion de se plonger dans le passé. Si l’on regarde dans la rue, on trouve une multitude de références historiques : clocher d’église, nom de rues par exemple. Afin de rythmer l’exposé qui risquerait d’être trop didactique, l’auteur intercale des réflexions ou des questions d’enfants (« et ma collection d’autocollants, c’est de l’archéologie ? » ) en rouge dans les marges, obligeant l’auteur à affiner, expliquer davantage. Quelques petits encadrés supplémentaires sont l’occasion de préciser une idée : la pierre de Rosette ou le trésor de Priam par exemple. L’exposé se révèle d’une grande clarté scandant les époques en les caractérisant : après le temps des collectionneurs vint celui des explorateurs. Peu à peu émerge l’importance des méthodes scientifiques qui servirent d’abord à démasquer des impostures comme lors de l’affaire de Glozel. L’auteur ne s’en tient pas là et évoque des points essentiels comme le rapport entre l’archéologie et l’idéologie nationaliste avec l’exemple de Napoléon III. Il en profite pour élargir nos horizons en soulignant que le Danemark a connu le même genre de situation. Il conclut utilement en rappelant que « la richesse et le nombre de vestiges archéologiques n’expriment en rien la « valeur » d’une civilisation disparue ». Au terme de cet exposé d’une trentaine de pages, le tour d’horizon se révèle très concluant et très varié en plus d’être agréable à lire. Aucune question n’est éludée, y compris celle du pillage des musées irakiens.

Dans une deuxième partie, l’auteur dégage cinq idées pour mieux comprendre l’archéologie. Il s’agit d’en rappeler les fondements, mais aussi de corriger certaines idées reçues. Pierre Jacquet aborde la question de la mesure du temps qui passe, du grand puzzle de l’archéologie, des vestiges, de la fouille et de l’interprétation des vestiges. Dans la première idée, il évoque l’idée de mesurer le temps qui passe : c’est l’occasion d’un tour d’horizon de la préhistoire jusqu’à aujourd’hui. L’auteur propose un petit exercice qu’on peut faire, ou faire faire à un enfant pour lui faire comprendre cette idée : c’est l’exercice classique de la ficelle, sorte de ligne du temps, pour faire saisir combien l’époque contemporaine représente peu de chose dans l’histoire humaine. De précieuses indications rappellent utilement que jusqu’à 10 ans l’enfant ne perçoit le temps qu’en référence à son vécu. Aussi grand mère et les dinosaures peuvent ils se retrouver très proches dans leur esprit ! Un petit schéma appuie utilement l’explication de la sédimentation des vestiges. Pierre Jacquet explique ensuite la signification précise de termes parfois confondus comme objets, traces et vestiges. C’est l’occasion de souligner que les préoccupations de l’archéologue sont tournées vers l’homme et non vers l’objet, comme on l’imagine parfois. Il doit formuler des hypothèses et les éléments les plus significatifs ne sont pas forcément les plus spectaculaires. Parmi les autres fondements, l’auteur précise que l’archéologie ne se résume pas à fouiller la terre et qu’il faut aussi garder des sites pour les futurs archéologues qui auront sans doute de nouveaux moyens techniques à leur disposition. De toutes façons, notre territoire est déjà l’objet d’un perpétuel bouleversement car chaque seconde ce sont 20 m2 de sol qui sont retournés pur préparer la construction de batiments ou de routes.

Enfin le troisième volet s’intéresse à ce qui peut mieux faire connaître l’archéologie. Cette partie se veut très pratique, indiquant des musées, des références internet. L’auteur pointe justement que les enfants seront plus sensibles à une muséographie actuelle qui met l’accent sur les reconstitutions par exemple sous forme de maquette. On reconnaît dans cette dernière partie la petite touche de chez Adam Biro c’est-à-dire dans l’esprit de « Comment parler de musique classique aux enfants » ou « C,omment parler d’art aux enfants ». En effet le livre rappelle qu’emmener un enfant dans un musée se prépare. L’auteur propose de repérer avant sur internet quelques œuvres que l’on verra, ou encore de se laisser guider par lui pour aller voir ce dont il a envie. Cette partie reste encore généraliste car, hormis quelques fois, l’auteur ne précise pas d’adresse. Ensuite il parle des livres ou collections qui peuvent intéresser les enfants à propos de l’archéologie. Plutôt intéressant, c’est la mention de quelques portails spécialisés comme archeophile.com.
L’ouvrage se termine par une bibliographie sélective et commentée. Un détail dans l’indication du site toulousain : le tiret n’est pas celui indiqué mais le tiret classique. Il s’agit dans le cas de ce site d’informations finalement assez institutionnelles. On pourra regretter que cette partie très pratique se révèle un peu légère. Le livre mentionne le Louvre ou les musées gallo-romains. De plus l’adresse se révèle la encore erronée avec sa terminaison en .fr alors qu’il faut saisir .com. On aurait pu s’attendre aussi dans ce genre d’ouvrage à davantage d’illustrations au fil du texte.
Hormis ces petits points de détails, l’ouvrage se révèle d’une lecture très agréable, dessinant quelques pistes pour guider un enfant sur le chemin de la découverte de l’archéologie sans jamais abdiquer des aspects de fond comme en témoigne la première partie. C’est donc un ouvrage que l’on aura plaisir à lire, feuilleter et retrouver plus tard. Cette variété d’utilisations possibles est un signe de qualité.

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