A la suite de la critique faite par votre serviteur de son dernier ouvrage paru en septembre, La vie des 12 Césars, il est apparu qu’un des personnages évoqués, à savoir Agrippine la Jeune, mère de Néron, avait déjà fait l’objet d’une biographie par la même Virginie Girod. Cette biographie n’avait pas été l’objet d’une recension sur ce site et c’est précisément ce qui va être l’objet de ces quelques lignes.
Si le complément du titre fait obligatoirement plus vendeur qu’un simple « Agrippine » et pourrait paraître un tantinet surfait, il n’en est rien. Pour autant, l’aspect scandaleux du titre n’en est pas moins la simple réalité de ce que l’auteur nous présente de la vie d’Agrippine, à travers les témoignages de Dion Cassius, Tacite,et bien évidemment Suétone, historien antique favori de Virginie Girod. Mais elle va bien sur au-delà, au-delà de l’image de Néron qui a pu imprégner, de manière négative et cruelle, la mémoire de sa mère, au-delà de cette vision d’une mère froide et calculatrice, dont la vie ne serait qu’un long combat pour faire arriver son rejeton au plus haut sommet de l’Empire.
L’ouvrage est découpé en deux temps. Le premier temps, le plus long, est une biographie, à la fois fouillée et intelligible, complexe et transparente, sur la montée en puissance de cette femme, membre de la Domus Augusta, arrière-petite fille d’Octave Auguste, de Marc Antoine et de Livie, qui a tout connu des intrigues de cour, des terrains relationnels minés et de la géopolitique romaine, des zones de combats aux confins de l’Empire aux plus beaux des palais impériaux. Destin hors du commun que cette sœur d’empereur (Caligula), femme d’empereur (Claude) et finalement mère d’un des empereurs les plus connus, même si c’est parfois pour des raisons bien plus fantasmées que réelles, de l’Empire.
La fin de l’ouvrage (chapitre IX et conclusion) est consacrée à la trace laissée par Agrippine dans l’histoire. Ce qui explique qu’elle suscite autant de commentaires, et ce, dès l’Antiquité. Ce qui fait d’elle un personnage de romans et de films. Ce qu’elle a fait pour la figure de l’impératrice, à travers son parcours si particulier, et pour la gloire de sa famille.
Cette œuvre réhabilite, sans pour autant nier les atrocités commises par Agrippine, cette femme, non pas en tant que victime ou personnage secondaire de l’Antiquité romaine, mais comme une femme pleinement actrice de son destin et de sa vie, ce qui n’est pas si commun dans une Rome qui reléguait la femme à une position subalterne. Tout comme son fils, Agrippine est un personnage d’une complexité infinie, où il est aujourd’hui important de démêler ce qui relève de la réalité et de la légende, même si cela est extrêmement complexe.
Cet ouvrage de Virginie Girod est donc recommandé, peut-être dans le sens de lecture qui a été le mien. Titillé dans ma curiosité par La vie des 12 Césars, ce livre a su combler mes attentes. Il montre aussi ce qui fait la force du travail et des recherches de l’historienne, à savoir une réelle envie de transmettre les moeurs et les coutumes romaines, le rôle des femmes, l’apport de la psychologie et de la sociologie, la critique des sources.