Le bruit de l’eau, une BD en forme d’enquête, une « bande dessinée du réel », revendiquée qui donne la parole aux témoins de la catastrophe qui a, en octobre 2020, endeuillé les vallées de la Roya et de Vésubie et aborde les effets du changement climatique sur le pourtour méditerranéen.
« Les catastrophes naturelles sont de plus en plus fréquentes. Elles font les gros titres des médias. Elles se suivent dans le flot des informations. Cela devient une actualité parmi tant d’autres. »Citation de Daniel Marcovitch – p. 17. président de Fleuves et rivières de France, président du Comité consultatif sur le prix et la qualité des services du Comité national de l’eau
La BD commence par un dialogue entre les auteurs, Laurent Bonneau et Alain Bujak, une réflexion sur l’écriture d’une BD, le choix du sujet.
L’enquête, très documentée, conduit les auteurs dans la vallée de la Roya, quelques mois après la catastrophe. Ils donnent la parole aux témoins. Mickaël, un berger, raconte la pluie très forte600mm en 24 h au Mont Bégo. Tempête Alex : les vallées de la Roya et de la Vésubie dévastées Vidéo sur France 24, la dispersion de son troupeau, les loups évadés du parc Alpha, l’isolement et la solidarité des habitants.
Avec David, moniteur d’escalade et de canyoning, on découvre les conséquences économiques et écologiques. Il évoque l’écroulement d’une montagne fragilisée, le risque latent, permanent qui pose la question de l’économie du tourisme en montagne.
À Saint-Dalmas-de-Tende, Marcel, rappelle les tombes du cimetière emportées par la crue, un véritable traumatisme pour les habitants. Remo évoque l’histoire de la montagne, les vieux couloirs d’avalanche oubliés où on a construit, mais que l’eau a dévalé avec ces très fortes précipitations. Son témoignage est l’occasion de revenir sur le phénomène naturel et ses conséquences, la nécessité de reconstruire. Les travaux sont impressionnantsEt pourtant un épisode très récent a bousculé certaines réalisations. La vallée de la Vésubie dans les Alpes-Maritimes touchée par des inondations, des habitations évacuées et des ponts emportés (France info 25/06/2024).
L’alternance des styles de dessins, de couleurs met en valeur les aspects physiques du paysage et les rencontres humaines. Quelques photographies jalonnent le récit, comme des témoignages muets.
Une BD, un peu déroutante dans sa forme, importante puisqu’elle ouvre la réflexion sur la résilience de la nature et la crise de l’anthropocène.
« C’est un peu comme si nous continuions de grimper la montagne sans prendre le temps de regarder les empreintes de nos pas. On peut se demander ce qu’y liront ceux qui nous suivrons. »Cotation p. 129