Pour commencer cette critique, posons quelques cadres. Le football tire ses racines au Moyen-âge et la codification de ses règles, les fameuses Lois du jeu, si sujettes à interprétations et polémiques, de 1863. Le football est devenu professionnel en 1885 en Angleterre. La coupe du monde au Qatar sera la 22e édition de la coupe du monde pour les hommes. Les femmes ont quant à elle démarré cette compétition en 1991, après une première tentative éphémère en 1970.
Ce cadre permet de montrer le défi que se sont imposés les auteurs en décidant de choisir 50 figures. Cette situation est d’ailleurs expliquée au début de la BD par quelques planches retraçant le dialogue entre les auteurs et des amis.
Cette BD est découpée en 4 temps: décennies 50-60-70 avec la présence de sir Bobby Charlton ou du fantasque George Best; décennies 80-90 incarnées par le « Pelé blanc » Zico ou Michel Platini; décennies 2000-2010 Didier Drogba ou le « Spice boy » David Beckham; décennie actuelle avec Lionel Messi et l’apparition de figures féminines.
Chaque décennie est rythmée de la même manière, à savoir des planches complètes de 2 pages sur un footballeur que suivent des doubles pages de 6 colonnes présentant 6 aitres figures de la période. Dans les planches complètes, une dizaine de cases retracent de manière rapide, mais assez complète néanmoins, la vie de la personnalité présentée.
Le terme de « personnalité » semble le plus adéquat car les footballeurs choisis pour être mis en avant sont de véritables caractères à l’échelle de leurs sociétés, des mythes à l’échelle de ce sport, et ils ont laissé une trace bien au-delà du rectangle vert. La figure de Pelé, celle du « Kaiser » Beckenbauer, évidemment celle de Zidane sont identifiées non seulement par les suiveurs, mais aussi par ceux qui ne s’intéressent à ce sport que lors des grandes occasions (et parfois affublés du terme condescendant « Footix » en France, du nom de la mascotte de la coupe du monde 98 en France). Pour ceux-là, les auteurs insistent sur leur héritage, sur et hors du terrain.
Malheureusement, mise à part Beckenbauer, les auteurs tombent dans le piège que nous tend l’actuel ballon d’or depuis plusieurs années. Les footballeurs mis en exergue sont systématiquement les joueurs offensifs. Peu de place pour les gardiens ou les défenseurs. Pourtant Lev Yachine, Dino Zoff ou Gianliuigi Buffon auraient mérité un développement à la hauteur de ce qu’ils ont représenté et vécu.
De même, mais là encore c’est le paysage médiatique actuel qui se reflète, la présence du football féminin est anecdotique. Ces femmes ne sont présentes qu’à la fin de l’ouvrage, dans les colonnes de double page qui ne traient que trop rapidement de ce qu’elles sont. Car leur parcours est aussi émancipateur, admirable et admiré que celui de leurs comparses masculins. Il ne faut pas interpréter cette réflexion comme du féminisme de comptoir. Ce que nous dit une Megan Rapinoé du football féminin et de son évolution, mais aussi de la société américaine, est d’une richesse inouïe. De surcroît, dans les décennies précédentes, une Mia Hamm ou une Homare Sawa à l’international, une Marinette Pichon en France, aurait eu tout à fait leur place comme pionnière du football féminin professionnel.
Ce bd est à mettre entre de bonnes mains. Elle offrira un panorama d’ensemble sur l’histoire moderne du football par une plongée rapide mais complète sur des grandes figures du ballon rond. Il est évidemment impossible de développer beaucoup plus dans un ouvrage qui se veut une synthèse et qui est bien sur totalement subjectif. Chacun peut faire son propre classement et aucun n’a plus de valeur qu’un autre. Cette BD plaira particulièrement aux jeunes fans de ce sport, à un curieux ou un « Footix » évidemment, et à n’importe quelle personne qui veut se rendre compte de l’impact de ce sport sur nos sociétés.
Ne jamais oublier que « le football n’est pas une question de vie de mort, c’est bien plus que cela « , comme le disait Bill Shankly.
Présentation du livre sur le site de l’éditeur.
« Légende, nom féminin. Du latin legenda, ce qui doit être lu. Récit amplifié des exploits d’un personnage célèbre. Par extension, personnage dont les exploits doivent être racontés.
Football, nom masculin. Jeu d’équipe dont le but est de marquer le plus de points possible en poussant du pied, de la jambe, de la tête ou de la poitrine un ballon de forme ronde au fond d’une cage défendue par un gardien. Par extension, sport le plus pratiqué dans le monde.
« Plus difficile est la victoire, plus grand est le plaisir de gagner. » Pelé
À l’occasion de la Coupe du Monde 2022 qui se déroulera du 22 novembre au 18 décembre 2022 au Qatar, les éditions 21g proposent un regard admiratif et documenté, mais non dénué d’humour, sur 50 légendes du football européen et mondial qui ont marqué les 60 dernières années. »
Présentation du scénariste sur le site de l’éditeur.
« Après des études de comptabilité (!), l’italien Mauro Marchesi décide de changer de route en allant suivre à Bologne les cours du maître italien de la ligne claire : Vittorio Giardino. Depuis, au fil de quinze années de BD, il a publié une dizaine d’albums dans son pays natal et enseigne l’illustration. »
Présentation du dessinateur sur le site de l’éditeur.
« JP Moulin a publié sous différents pseudos aux éditions Paquet, Page 69 et Tapages Nocturnes. Il contribue régulièrement aux magazines DBd et L’Immanquable et anime les édtions 21g depuis 2014. »