Cette bd est le dernier tome de la trilogie consacrée à Catherine de Médicis dans la collection Reines de sang chez Delcourt. En fin de vie, la reine continue de transmettre ses souvenirs tumultueux à son confesseur, Julien de Saint-Germain. Chronologiquement, ce tome s’inscrit dans la suite directe du 2e qui s’arrêtait aux prémices du mariage entre Henri de Navarre et Marguerite de Valois, fille de Catherine de Médicis et donc soeur du roi Charles IX.

La Saint-Barthélémy et l’ensemble des tenants politico-religieux autour sont donc au coeur de ce tome. C’est un événement qui a fait couler beaucoup d’encre: les responsabilités, les causes et conséquences, le nombre de victimes, la participation de la foule parisienne, les répercussions en province. Pendant longtemps, une légende noire a entouré cet événement mettant au coeur du massacre la reine-mère. L’historiographie actuelle tend à nuancer le rôle de Catherine et à complexifier l’ensemble des acteurs responsables de cette journée funeste. C’est le parti pris des auteurs qui dressent un portrait complexe de la situation et montrent le caractère individuel et autonome de certaines décisions, avec une Catherine toujours en recherche de ce qui pourrait être la meilleure des solutions à chaque situation, non seulement pour elle, mais aussi et surtout pour ses enfants.

Pour permettre la compréhension du plus grand nombre, les auteurs ont choisi d’adopter la même ligne éditoriale que sur les tomes précédents, à savoir multiplier les bulles de dialogue, être très précis dans les dates, le déroulé des événements, la contextualisation spatiale et la retranscription des décors et de l’époque.

Il est néanmoins dommage de voir ce tome s’arrêter assez rapidement après la Saint Barthélémy. La vie de Catherine est encore très riche sous le règne d’Henri III et il aurait très intéressant, étant donnée la qualité de cette trilogie, de suivre le cheminement politique et personnel de Catherine dans les années qui précèdent sa vie à Blois.

Particulièrement, la confrontation avec son fils qu’elle fait revenir de Pologne et l’affrontement avec le duc de Guise. Pour une question de place et de temps, ceci est trop survolé, à travers les discussions des employés du château royal blésois. Il y avait vraiment de quoi faire un 4e tome tout aussi pertinent et vibrant que les 3 premiers. Cela aurait aussi surement permis de montrer autre chose de Catherine de Médicis que l’exceptionnel animal politique qu’elle fut. Notamment, ses rôles culturel et artistique.

Car, ne nous y trompons pas, ce 3e volet clôt de manière impeccable sur le fond (nous en voulons juste plus) et la forme (irréprochable) ce triptyque sur l’une des figures les plus importantes du XVIe siècle en France. Par son parcours, son destin, ses rencontres, sa descendance, son habileté politique, son intelligence, elle a toute sa place au panthéon des personnages majeurs de l’histoire de France. Par sa complexité et ses nuances, cette BD et ses auteurs lui rendent parfaitement justice, en dressant un portrait très juste et attachant.