Le cycle de l’anneau – De Minos à Tolkien – CHARLES DELATTRE

Étude consacrée à un ensemble de mythes où l’on voit un anneau être jeté à la mer par son propriétaire et lui revenir malgré tout, entraînant pour lui toutes sortes de conséquences qui peuvent être heureuses ou néfastes, cet ouvrage n’est pas à priori facile d’accès. Pourtant, on à du mal à s’en déssaisir dès qu’on l’a pris en main. Si certaines parties sont ardues L’intérêt de cette étude est double : d’un point de vue pratique, elle s’étend de l’Antiquité gréco-latine au monde contemporain, où le mythe de l’anneau est toujours vivace ; d’un point de vue théorique, elle met en place, pour la première fois, une technique d’analyse des mythes héritière à la fois du structuralisme, de la pragmatique et de la réflexion sur la fiction narrative.
L’anneau est le personnage principal et l’acteur d’un cycle, en passant de la terre à la mer et de la mer à la terre. Sur lui se concentrent une pratique d’analyse et la théorie qui va avec fondées sur la structure narrative, la notion de récit et l’idée de cycle poétique ou mythique.

Ce livre réinsère l’Antiquité dans notre présent et en même temps dessine les lignes d’un héritage où l’on retrouve mythologie, histoire, fiction, heroic fantasy, rituels et images. On y retrouve bien des références de toutes les cultures du bassin méditerranéen.
Les anneaux de l Antiquité.- des usages non symboliques

Il existe un type d’anneau célèbre depuis l’Antiquité, celui qui rend invisible lorsqu’on le passe à son doigt: un anneau de ce genre, d’après Platon, permit à Gygès, un simple berger lydien, de s’introduire dans la demeure de son souverain, d’y séduire son épouse et de s’emparer du trône par un coup d’État’. Le rôle de l’anneau est alors double, il permet à la fois de rendre un corps invisible et de partir à la découverte des secrets les mieux cachés. C’est cette deuxième particularité qui explique d’ailleurs la fortune de l’anneau d’invisibilité bien au delà de l’Antiquité : dans le Roland furieux de l’Arioste, l’enchanteresse Mélisse remet à Roger, prisonnier de la magicienne Alcine, un anneau d’or qui lui permet de voir la véritable nature, corrompue et misérable, de l’île enchantée; dès les premières versions du Seigneur des anneaux, J. R. R. Tolkien fait de l’anneau découvert par Smeagol un puissant outil d’informations; et ce thème est particulièrement développé dans Les Bijoux indiscrets de Diderot, où, sous l’influence d’un anneau d’or, le sexe des femmes se transforme en une bouche bavarde, avide de révéler les secrets de leur maîtresse.

CHARLES DELATTRE est maître de conférences en langue et littérature grecques à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense. Ses recherches portent sur le domaine du mythe, ses théories et ses pratiques. Il a publié un Manuel de mythologie grecque chez Bréal en 2005.
Collection « L’Antiquité au présent » 14 x 20,5 cm – 288 pages 23 €