« L’époque classique constitue un temps de référence par ses réalisations matérielles et littéraires ».
 
Cette deuxième édition de l’Atlas de la Grèce classique est présentée par Nicolas Richer, professeur à l’École normale supérieure de Lyon, spécialiste de l’histoire grecque, en particulier de Sparte. La cartographie a été réalisée par Claire Levasseur.
 
Dans les propos liminaires, l’auteur insiste sur l’importance de cette époque dite classique pour le monde grec. Les Hellènes sont marqués par la prééminence de la cité des Athéniens même si cette dernière est vaincue par Sparte en milieu de la période. Les modèles de ces cités ennemies ont souvent été opposés. Or le contrôle des hommes libres sur la politique reste caractéristique de la Grèce classique. Néanmoins chaque région a connu son évolution propre puisqu’aucune unité politique n’est forgée. Après un volet de présentation des ressources et des hommes, Nicolas Richer s’attache à distinguer les spécificités des espaces régionaux unis par une culture commune.

Les ressources et les hommes

Marqué par le climat méditerranéen (domaine de l’olivier) et modulé par les reliefs plus ou moins importants, le cadre naturel offre des ressources minières, minérales et halieutiques propices à la fondation de cités (p.10-11). Les contraintes climatiques favorisent l’organisation de domaines (p.12 le calendrier agricole et p.13, subdivision des lopins de Chersonèse en Tauride). L’élevage et la chasse apportent un complément et supposent la lutte contre les prédateurs (loups et lions présents selon Hérodote).

Une meilleure connaissance de la culture matérielle permet de reconstituer les maisons de l’époque classique (les matériaux et la disposition des pièces) et de tenter d’élaborer une carte des densités de la Grèce continentale (p.15). L’ouvrage présente aussi une répartition des dialectes de la Grande Grèce à l’Asie mineure et les formes de communication : l’écrit avec l’alphabet d’origine phénicienne, puis ionien, les moyens de transport terrestres et maritimes. Une carte p.18 montre les circuits économiques (le terme économie vient du grec oikonomia la gestion d’un oikos, un domaine). Les communautés moins biens dotées se spécialisent dans les services de transport. On connaît le fameux diolkos de Corinthe, voie terrestre acheminant les bateaux vers le golfe Saronique.

 

La Grèce balkanique et son évolution politique au Ve siècle

Du milieu du VIIIe siècle à 323 (mort d’Alexandre), 1500 cités se seraient créées dont un millier aurait coexisté au même moment. Cependant les diverses régions n’ont pas connu un dynamisme concomitant.

La Grèce balkanique se compose de différents espaces. Hérodote parle de l’efficience des cités du Péloponnèse face au monde perse. « Le Péloponnèse est l’acropole de la Grèce » déclare Strabon. Cet atlas présente une analyse à différentes échelles. La Laconie, espace d’origine des Spartiates dont l’organisation politique particulière est exposée en double page (26-27). Puis sont étudiées, l’Attique et les institutions athéniennes, les réformes de Clisthène, l’acropole et son prestigieux Parthénon, ce dernier reconstruit après la victoire sur les Perses (on regrette une représentation peu lisible de la frise des Panathénées p.36-37).

Nicolas Richer s’attarde ensuite sur des espaces spécifiques comme la Béotie, la Thessalie, la Crète ou la Grèce d’Asie mineure.

Les guerres médiques et la guerre du Péloponnèse (431-404) sont également abordées dans cette partie. Les plans hypothétiques des batailles, les cartes des opérations ou de la ligue de Délos s’avèrent précieuses pour mener un cours sur ces sujets.

Les Grecs d’Occident aux Ve et IVe siècles

A partir du VIIIe siècle, les Grecs établissent de nombreuses colonies qui constituent un réseau de cités en Grande Grèce (sud de l’Italie) et en Sicile. On traite souvent en classe l’exemple de Massalia (Marseille) fondée vers 600 par les Phocéens. La prospérité de ces établissements helléniques ont attiré des convoitises. Colonie de Corinthe, la cité de Syracuse joue un rôle essentiel à l’époque classique, les tyrans ayant vaincu les Carthaginois, les Étrusques et les Athéniens.

L’affirmation des nouvelles puissances au IVe siècle et les pratiques de guerre

 Thucydide mentionne le rééquilibrage des forces politiques, suite à la défaite d’Athènes dans la guerre du Péloponnèse (404). L’hégémonie de Sparte s’impose.

L’auteur explique la tactique militaire des grandes batailles terrestres comme Chéronée en 338 remportée par Philippe de Macédoine. On découvre la stratégie des phalanges d’hoplites et l’importance de la cavalerie et des peltastes (les fantassins légers) au IVe siècle. Les puissantes cités  renforcent leurs fortifications et protègent leur port par de longs murs (plan du Pirée p.73)

Muri depuis plusieurs siècles, le projet de conquête de l’Empire perse se concrétise en fin de période, ce qui explique l’émergence de la Macédoine de Philippe II. La puissance ainsi constituée s’est trouvée canalisée par le jeune roi Alexandre III.

L’évolution culturelle et les grands sanctuaires

L’urbanisme constitue un pilier de l’unité du monde grec. Hippodamos de Milet conçoit les plans d’une cité avec des rues en angles droits qui devient un modèle bien connu. L’ouvrage parle très brièvement des grands sanctuaires oraculaires ou panhelléniques (Olympie, Delphes, Epidaure). Une carte regroupe les écrivains et les artistes selon leur origine géographique. Ces derniers cherchent la notoriété à Athènes, cité majeure de l’époque classique.

Cette deuxième édition de l’Atlas de la Grèce classique représente une très bonne synthèse de la période pour les néophytes comme pour les professeurs qui peuvent y puiser des documents précieux, clairs et précis pour mener des leçons en 6e ou en seconde. On regrette toutefois que la partie culturelle soit si réduite. Sans doute, le format convenu des Éditions Autrement, en une centaine de pages, a contraint l’auteur à faire des choix drastiques. Le développement du rayonnement artistique de la Grèce classique sera l’objet d’un autre ouvrage.