Jacques Lacroix, docteur de l’Université de Bourgogne et professeur agrégé, auteur de plusieurs contributions sur les Gaules, s’est assigné une mission dans son ouvrage : celle de souligner l’importance du « substrat gaulois » dans la langue française.

Pour mettre en avant les apports de la langue gauloise à la notre, Jacques Lacroix a articulé son propos autour de douze grands thèmes : « Nos ancêtres » les Gaulois » ; « Les mots des paysages » ; « Les mots des animaux de la nature » ; « Les mots des frontières » ; « Les mots de la guerre » ; « Les mots de l’agriculture » ; « Les mots de l’élevage » ; « Les mots des artisanats du cuir et des tissus » ; « Les mots de l’industrie des métaux » ; « Les mots des métiers du bois » ; « Les mots des transports et du commerce » ; « Les mots du sacré ». Deux dernières parties sont consacrées aux « mots retrouvés » et aux mots gaulois et arabes dans la langue française.

Chacune des douze grands parties précédemment évoquées contient des notices détaillées mentionnant l’étymologie des mots présentés par l’auteur, avec, en sus, très souvent, un développement littéraire et/ou historique.

A titre d’exemple, on peut mentionner un extrait de la notice consacrée au mot « chemin (p.115-116) » : « Chemin tire son origine d’un gaulois *cammano, qui a pris une forme à terminaison latinisée cam(m)ino (par influence du suffixe -ino). Le thème camm est indubitablement celtique. On le retrouve dans l’ancien irlandais ceimm et l’irlandais ceim, « fait de marcher », « marche », « pas » ; le cornique cam, « marche », « pas », « démarche » ; le vieux-gallois cemmein (pluriel) et le gallois cam, « pas », « marche », « enjambée » ; le breton kammed, « pas ». Tous ces mots montrent que le chemin gaulois était aux temps plus anciens « le lieu où l’on marche », où l’on chemine. Puis il est devenu l’endroit où l’on circulait : où les voitures gauloises roulaient ».

Jacques Lacroix retient « mille mots français au thème d’origine gauloise » parmi lesquels Ambassade, Ardoise, Bac, Bataille, Bercer, Boucherie, Canton, Charrue, Cheval, Crème, Drap, Dune, Éboueur, Environnement, Grève, Habiller,If, Jambe, Lance, Mégot, Minerai, Petit, Rayer, Ruche, Sapin, Talus ou encore Truander.

Ouvrage d’une réelle érudition, Les irréductibles mots gaulois dans la langue française offre, à travers les notices fournies de son auteur, une belle matière à réflexion sur la langue française et une partie de ses origines.

Grégoire Masson