L’objet de ce livre est de décrire la politique étrangère japonaise, en insistant sur sa complexité du fait de contraintes contradictoires

D’une part le pays se veut pacifique, non armé et comptant sur les États-Unis pour sa sécurité. D’autre part il a maintenant une « force d’autodéfense » ultramoderne et intervient en Irak à côté des États-Unis, tout en voulant pourtant en devenir un peu plus indépendant. Et la Chine brouille le tableau.
La politique étrangère japonaise est soumise à des contraintes contradictoires touchant l’identité même du pays.

Le Japon actuel est celui construit par Mac Arthur, avec une vie politique libre, une éducation non nationaliste, des institutions démocratiques et la fin du shintoïsme d’État, l’empereur étant réduit à l’état de symbole. Il a fallu longtemps ajouter « sans armée, sous la protection des États-Unis et sans autre politique extérieure que de les soutenir ».

Toutefois, à partir de 1992, l’armée reconstituée se voit autorisée à participer aux « opérations de maintien de la paix » et débarque au Cambodge dans le cadre des opérations de l’ONU. C’est une étape de l’entrée du Japon dans le « cercle des puissances industrielles et responsables ». Le pays est reconstruit, son développement économique et technologique est au niveau occidental et il peut maintenant s’occuper de l’extérieur.

Dans ce cadre, l’ouvrage commence par décrire de manière très détaillée les débats internes relatifs à la politique étrangère, après en avoir présenté les facteurs politiques, intellectuels et économiques. La conclusion de ce premier chapitre est que malgré la complexité des opinions, le Japon reste fondamentalement civil.

Le deuxième chapitre est consacré au dilemme identitaire. Le Japon se voulait occidental ; c’est fait. Mais il est également asiatique. La complication vient de ce que ses voisins ont gardé un souvenir exécrable de guerre et le regardent avec suspicion.

Le troisième chapitre est consacré à la relation avec les États-Unis. Cette relation reste fondamentale et toujours de subordination, mais la tendance est à un affranchissement timide et progressif… Tout en étant conscient que les États-Unis sont absolument nécessaires dans une région en voie de déstabilisation notamment par la Chine.

Le quatrième chapitre décrit les efforts de normalisation avec les voisins asiatiques, mais « le défi » qui fait le titre de l’ouvrage n’est toujours pas gagné. La Birmanie, Singapour et la Corée du Nord sont maintenant dans l’orbite chinoise. Le Japon insiste sur son pacifisme et sur ses 2000 ans de rapports étroits avec la Chine, sans succès jusqu’à présent.

Bref un ouvrage qui rappelle et donne les références d’une situation assez bien connue.

Yves Montenay