Cette prospective géopolitique nous donne quelques certitudes sur le monde de demain. Mais l’auteur, ici trop diplomate, reste très prudent et ne donne aucune piste sur les sujets brûlants : conflit israëlo-arabe, Irak, Afghanistan, Pakistan et Iran.
4 idées force dominent ce livre :
- les États-Unis garderont un rôle durable et irremplaçable.
- la Russie affaiblie dès 2020, disparaîtra de la scène mondiale en 2030.
- le monde sera de plus en plus déséquilibré.
- la Chine va s’affirmer sur la scène mondiale mais sans prendre la 1ère place.
La question centrale à se poser est la suivante : que veut dire un monde multipolaire ?
L’auteur rejette la position de Samuel Huntington d’avoir 7 ou 8 civilisations dominantes avec chacune un État leader. Il y a donc une illusion multipolaire, il n’y aura pas d’émergence de véritables pôles organisés. En effet la Chine neutralise le Japon mais est aussi neutralisée par l’Inde, donc pas de vrai leader de l’Asie…C’est la fin des grandes alliances et des Blocs, on entre dans la complexité.
2ème question : que deviendra l’Union Européenne ?
Seul pôle organisé, il est totalement divisé et n’a pas de vraie puissance diplomatique et militaire. 3 pays sont menacés de déclin : la France, l’Italie et le Royaume Uni. Un seul tire son épingle du jeu : l’Allemagne avec sa croissance économique forte et ses liens privilégiés avec l’Europe centrale et orientale. Enfin peut on élargir vers la Turquie et vers l’Ukraine ?
3ème question : l’émergence évidente de l’Asie Orientale.
Si deux grandes alliances opposées ne voient pas le jour, l’Asie devra s’organiser de manière concertée et pacifique entre 6 grands pays : Chine, Inde, Japon mais aussi Corée du Sud, Vietnam et Turquie.
4ème question : et l’Amérique latine ?
Soit elle s’unifie en démocratisant Cuba et le Venezuela ; elle suit alors le modèle de l’U.E.
Soit elle échoue à se démocratiser et le Brésil sera la puissance dominante associée à l’Argentine et au Chili. La Colombie joue la carte U.S. et Cuba et Venezuela se retrouvent alors isolées. Enfin le Mexique, attirée par l’Union régionale du premier scénario et pouvant y entraîner toute l’Amérique Centrale, devient un pion américain dans le 2ème scénario.
5ème question : pourquoi le déclin total de la Russie ?
Elle ne peut se rapprocher ni de l’Asie, ni de l’U.E.. Son isolement combiné à sa grave faiblesse démographique, à une corruption galopante, à un Etat autoritaire brutal bloquant toutes les réformes amène une disparition pure et simple de cette puissance…
Enfin dernière question : quel sera le rôle des Etats-Unis ?
D’après Nicolas Tenzer, les États-Unis resteront la seule puissance capable d’influence mondiale. Leur modèle économique, financier, culturel et religieux est le seul qui peut s’exporter dans le monde entier. Il appuie ici Brzezinski qui constate le déclin des États-Unis mais qui considère qu’on doit malgré tout gérer le monde en conservant la suprématie américaine. Pour lui, la Chine ne peut être une alternative crédible pour 1 puissance globale.
Ce livre a donc le mérite de livrer des pistes, mais elles sont aussi critiquables et partiales…